Agreg Externe 2007 Dissertation de civilisation: copie 1

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Agregation externe – Dissertation en français (Dévolution)
Copie lorrainetwingles – 14.5/20

"Let us put to bed the scare stories about devolution leading to the "Death of Britain". Devolution has been a success for Scotland and Wales, but it has also been a success for Britain. The votes for devolution in the referendums were not votes for separation. They were votes to remain in the United Kingdom with a new constitutional settlement. By recognising the United Kingdom's diversity, devolution has guaranteed its future."

Analysez et discutez ces propos tenus à Londres en avril 2001 par Robin Cook, alors ministre des Affaires Etrangères, devant la Social Market Foundation.


Les paroles de la députée SNP du nouveau parlement écossais, le 12 mai 1999, lors de la première séance, sont éloquentes quant à l’esprit de l’occasion. Ainsi, Winnie Ewing annonça que le Parlement, qui avait été dissous en 1707 lors de l’Union des Parlements, était “hereby reconvened”. En effet, en 1997, le peuple écossais (par une grande majorité) et gallois (de justesse) votèrent pour la dévolution des pouvoirs, par ailleurs différents en leur étendue et nature dans les deux cas, vers leur nation.

La citation qu’il nous importe d’analyser de Robin Cook, député travailliste de nationalité écossaise (ayant depuis démissioné), reprend un certain nombre d’aspects du processus, tant sociaux et culturels que politiques, économiques et idéologiques. Ses propos prennent le parti de défendre la politique du “Third Way” de son parti, New Labour, au pouvoir depuis 1997, et dont l’époque d’énonciation correspond à la charnière des deux premiers mandats de son leader, Tony Blair, avec un recul de quatre ans (discours de 2001).

Nous pouvons donc nous interroger sur combien son optimisme reflète la réalité du processus long et tortueux vers la dévolution des pouvoirs en Ecosse et au Pays de Galles, et la légitimité de sa perspective, qui tranche de manière si décidée sur le succès de l’expérience. Pour examiner cette question, il convient d’analyser d’abord le point de vue que Cook évoque, selon lequel la dévolution mènerait à la “mort” de la Grande Bretagne unie ; plus précisément les arguments des partis à travers l’histoire contre la dévolution, les arguments récents et actuels de l’opposition, le parti conservateur, ainsi que la stance quelque peu hésitante des partis nationalistes écossais et gallois. En deuxième lieu, nous procèderons à l’évaluation de ce que la dévolution présente comme “success” pour les populations des trois nations et du Royaume-Uni, par le biais de l’évolution du procès à travers l’histoire, les évolutions reflétées par le contenu des deux référendums et projets de loi des années 1970 aux années 1990, et la réponse par là aux critiques des anti-dévolutionnistes. Ceci nous mènera enfin à un traitement de l’identité nationale comme facteur motivant par-dessus tout de la réforme constitutionnelle lancée par le gouvernement Blair, en particulier les évolutions socio-culturelles, politico-économiques et la diversité enfin prise en compte de ce qui constitue l’identité nationale. Nous concluerons par une évaluation plus mesurée et nuancée des propos de Cook, et un questionnement particulier de ce qu’il prône comme le futur, soi-disant garanti, de la nouvelle réforme constitutionnelle.


Cook fait directement allusion aux critiques de la dévolution, et la citation à analyser a pour but de les contrer, de montrer son plein soutien aux politiques innovantes de New Labour. L’expression “Death of Britain” évoque immédiatement, en plus extrême, les propos de Tom Nairn dans son ouvrage classique, “The Break-Up of Britain.” Cook transforme cependant l’image de fracturation en métaphore d’anéantissement, et l’effet escompté est sans doute de faire réagir les auditeurs en son sens. En effet, Nairn écrit en 1977, lors de l’intensification du débat sur la dévolution, que celle-ci s’apparentait à “a motorway with only one exit.” [EDIT: be warned, this wasn’t Nairn, it was Tam Dalyell – see the CNED book for details.]

La “sortie” évoquée, d’un chemin rapide et dangereux, est bien entendu l’indépendance des régions devenues autonomes. Ceci fut, et représente toujours, l’argument principal des opposants à la dévolution. Cependant, ce n’a pas toujours été du sort du parti travailliste de représenter la défense de la dévolution. On peut se souvenir des paroles immortelles à ce sujet d’un membre du SNP: “I wouldn’t trust Labour to deliver a pizza, let alone devolution.” Pendant de nombreuses années, de la période après-guerre jusqu’aux années Thatcher, le Labour a effectivement tenu un discours résolument unioniste. Même si, au pays de Galles, alors qu’il était peu entrenché sur le territoire, il prônait l’autonomie régionale, dès que l’influence du parti Libéral a commencé son déclin en sa faveur, on n’entendit plus parler de ces propos. Les conditions sociales et la fragilité particulière des ‘périphéries’ britanniques, lors des troubles économiques des années 30 et les années 70 surtout, rendaient majoritaire une perspective unioniste comme étant le seul espoir des nations écossaise et galloise. Ainsi, les aides régionales, les débuts du Welfare State, et avec eux l’intervention et le contrôle croissants du gouvernement de Westminster, firent longtemps figure de nécessité désirable, tant par les gouvernements Labour que Conservative d’ailleurs.

Parallèlement, l’on ne peut affirmer que le parti conservateur ait toujours combattu le principe de la dévolution. Sans consulter son parti, et certainement par réaction à la menace électorale des partis nationalistes suite à leurs succès en 1966 et 1967, et que les résultats des élections législatives de 1970 et 1974 allaient confirmer, le leader du parti conservateur, Edward (Ted) Heath, en opposition au gouvernement Wilson de l’époque, déclara qu’il s’engagerait dans la voie de la dévolution dès son élection au pouvoir. La “Déclaration de Perth” (1968), cependant, fut oubliée à son accession au poste de Premier Ministre en 1970 ; et les préoccupations de l’entrée du Royaume-Uni à la Communauté européenne, ainsi que les crises économiques et sociales, éloignèrent les régions du centre des débats. A la place de la dévolution, Heath instaura d’ailleurs un changement dans l’organisation des collectivités locales, remplaçant l’ancien système par deux niveaux d’organisation, ce qui a été perçu comme étant à l’encontre de toute perspective dévolutionniste, car le rajout d’un troisième niveau de gouvernement se serait révélé sans doute trop lourd pour être pratiquable. Malgré les résultats positifs de la commission royale sur la dévolution, le fruit de cinq ans de travail, rendu lors du gouvernement conservateur Heath en 1973, donc, le Premier Ministre joua des intérêts européens et sociaux afin de contourner le débat.

Les années Thatcher, suite à l’échec du premier référendum organisé par les travaillistes menés par James Callaghan, de 1979 en 1997 (la politique de John Major, son successeur à la tête du parti conservateur, représentant une continuité de l’approche Thatcherite), concrétisèrent l’anti-dévolutionnisme exprimé lors de la campagne du “non” référendaire en 1979, et ce dans la logique du nom même du parti, “The Conservative and Unionist Party”. Margaret Thatcher rappelle son rôle dans son autobiographie de 1995, The Path to Glory: “Ted had impaled the party on an extremely painful hook, from which it was my unenviable task to set it free.” Son approche était donc de rappeler aux régions les conséquences d’une quelconque autonomie sur l’union glorieuse de la Grande Bretagne. La dévolution, selon la majorité des conservateurs, ne pouvait que mener vers la “sortie unique” de l’indépendance, et donc de l’anéantissement de cette collaboration historique. D’ailleurs, Thatcher n’eut pas à se justifier : dès son élection, elle annula les Scotland Act et Wales Act de 1978, et grâce aux écarts qui se creusèrent entre les votes aux périphéries et les votes en Angleterre, la “Dame de fer” n’eut bientôt plus que très peu de représentants écossais et gallois à Westminster.

L’élection de 1992, avec désormais un leader nouveau à la tête du parti conservateur, allait renforcer un discours plutôt émotif. John Major sut jouer habilement à la fois de la peur de ce que représentait l’éclatement du Royaume-Uni et des liens affectifs, historiques, coopératifs qui lient les régions ‘périphériques celtiques’ à l’Angleterre, et gagna le quatrième mandat conservateur malgré le peu d’adhésion que suscitèrent ses propos dans les régions concernées. Ces arguments fondèrent cependant l’essentiel du contenu anti-dévolutionniste de la campagne du “non” une fois l’élection de New Labour en 1997 confirmé et les référendums promis pour septembre (le 11 en Ecosse, le 18 au pays de Galles).

La campagne anti-dévolutionniste, si unie et médiatisée en 1979, s’était considérablement amoindrie entre-temps. Elle se nommait “Just Say No!”, un slogan très évocateur au Royaume-Uni depuis les campagnes anti-drogues des années 80 et 90. L’effet fut de nuancer la dévolution comme un statut désirable, attractif, mais dangereux, qui rend ‘dépendant d’autonomie’ et qui conduit inévitablement à une croissance de son degré jusqu’à l’indépendance. Le slogan, finalement, reprenait l’idée du “break-up of Britain”, rendant la “sortie ultime” synonyme de perte fatale : “the Death of Britain.”

Les positionnements des partis nationalistes, le Scottish National Party (SNP) et Plaid Genedlaethol Cymru, devenu depuis Plaid tout court, méritent une attention particulière. En effet, si les anti-dévolutionnistes ont si bien réussi à semer la peur de l’éclatement de la Grande Bretagne, c’est par réaction à ce que les partis majoritaires ont ressenti comme la menace électorale croissante de ces premiers. A leurs débuts, les partis nationalistes ont tous deux représenté une élite intellectuelle et la défense du rural, l’image romantisée de leurs pays respectifs. Plaid Cymru avait pour mission première lors de sa fondation en 1925 la défense de la langue galloise ; le SNP à proprement parler (1934) a défendu plutôt les intérêts nationaux politiques à l’image des revendications en Irlande entre 1916 et 1921. Cependant, lors de la création du Scottish Constitutional Convention en 1989, le SNP s’est retiré (et Labour s’y rajouta), tout comme il avait fait voter “non” au premier référendum. Comment réconcilier ces deux attitudes ?

Le parti nationaliste écossais, au contraire de son homologue gallois, avait depuis les années 1960 soutenu des mesures plus fortement indépendantistes pour sa nation. Ainsi en 1979 ils ont critiqué le projet de dévolution finalement faible par rapport à celui de 1997, nous le verrons, et plutôt que de soutenir un compromis à ce point peu satisfaisant, préféra attendre une solution comportant des mesures plus acceptables. (Leur campagne avait bien précisé qu’un “non” au référendum n’était pas équivalent à un “non” pour la dévolution.) Alors que d’autres rejetaient le projet pour ses excès de potentiel de fracturation de l’Union, le SNP donc le rejetait pour des raisons diamétriquement opposées. L’électorat, confus, ne put se résoudre à voter massivement le projet, et il enterra avec ses résultats le débat autour de la dévolution pendant plusieurs années.

A sa réapparition, le SNP se trouva toujours indécis. Un nouveau leader plutôt “gradualiste”, Alex Salmond, fit enfin soutenir le deuxième projet de loi par le référendum antéposé à la législation, car il comportait plusieurs concessions de Labour faites aux Libéraux et aux nationalistes qui rendaient le projet acceptable pour l’électorat du SNP. Celui-ci vota “oui” massivement, soit par adhésion à la dévolution, soit par principe de première étape vers l’indépendance. Comme nous le verrons donc à la deuxième partie, la présentation du projet de dévolution comme choix bippolaire entre maintien de l’union et éclatement de la Grande Bretagne n’était pas une représentation réelle du choix qui confrontait les électeurs en 1997.

Cook réfute les allégations des critiques de la dévolution, voyant comme le Premier Ministre Tony Blair un succès non seulement pour les nations aux pouvoirs dévolus, mais pour la Grande Bretagne en sa totalité ; un renforcement de l’Union plutôt qu’un éclatement. L’approche New Labour envers la dévolution fait partie intégrante d’une dynamique globale de réforme constitutionnelle, que Blair défendait déjà bien avant son élection ; le rapprochement du centre de pouvoirs vers son peuple est forcément efficace tant au niveau administratif qu’au niveau de son adhésion par le peuple.

Concrètement, les nouveaux projets de loi, qui s’étaient fortement contre-inspirés des projets des Scotland Act et Wales Act 1978, a effectivement rendu beaucoup plus autonomes les deux nations en question. Même si le Government of Wales Act 1998 ne délivrait qu’une dévolution exécutive, avec pouvoirs législatifs secondaires uniquement sur les compétences dévolues (au contraire de la dévolution législative en Ecosse), l’Assemblée a pu effectuer de nombreux succès. Tout d’abord, le Welsh Office (aujourd’hui Wales Office) a vu ses pouvoirs dramatiquement réduits. Il n’est plus responsible des affectations des “quangos” tels le Welsh Development Agency, le Welsh Tourist Board et la chaîne télévisée galloisante S4C. Alors qu’auparavant le Secrétaire (à Londres) pouvait y nommer les dirigeants, le Welsh Assembly, corps politique élu, en a pris la charge. Ceci est d’autant plus vital que pendant les années Thatcher le Secretary of State for Wales a été par trois fois de nationalité anglaise et, dans le cas de John Redwood en particulier, peu sympathique à la cause des Gallois, usant de la position pour appliquer les directives de Westminster au Pays de Galles plutôt que de transmettre les griefs de Cardiff à Londres. (Les pouvoirs du Scottish Office furent également restreints par la dévolution.)

Autre évolution du nouvel arrangement de la dévolution entre 1979 et 1997 fut the mode de scrutin. Alors que le projet de 1979 comportait un scrutin FPTP (first-past-the-post) uniquement, le modèle de 1997 suggérait un scrutin mixte : un premier vote FPTP local (40 “Assembly Members” gallois, 73 députés écossais, “MSPs”) et un deuxième vote proportionnel, “single transferable vote” dont la représentation proportionnelle est la plus exacte de tous les modes de scrutin. Ceci fournirait un “additional member system”, 56 en Ecosse et 20 au Pays de Galles. Le mode de scrutin avait longtemps été demandé par le parti Libéral, puis Libéral-Démocrate, et alors que Callaghan avait choisi de l’ignorer malgré le “Lib-Lab Pact” de 1977, Blair y céda à contre-coeur pour le projet de 1997. Les raisons de son exigence par les petits partis, et son rejet par les grands partis, se rejoignaient sur le fond : FPTP tend à favoriser un système de deux partis puissants au dépens des petits partis, tout vote pour un parti non-élu étant effectivement perdu ; alors que le scrutin proportionnel que représente le STV (que l’Electoral Reform Society appuie comme le scrutin le plus sophistiqué et juste qui existe) favorise la présence des partis indépendants sur la scène politique.

L’Assemblée galloise (le “Senedd”) et le parlement écossais à Holyrood, à Edimbourg, peuvent maintenant décider (à des étendues différentes) de leur sort politique, et tenir tête à Westminster. Ainsi, lors de la démission de Ron Davies comme First Minister, Westminster voulait imposer son propre candidat, Alun Michael ; les Gallois en décidèrent autrement et leur favori, Rhodri Morgan, fut élu.

Le référendum de 1997 ne présentait donc visiblement pas aux yeux de l’électorat le choix bipolaire dépeint par la campagne “Just Say No!” Les sondages d’intention de vote de l’époque ont d’ailleurs démontré que trois options majeures étaient comprises par les deux questions. La question de la dévolution regroupait à la fois l’adhésion au projet d’une certaine autonomie à l’intérieur de l’Union, avec la souveraineté du Parlement Londonien maintenu, et la possibilité d’une indépendance ultérieure, que ce soit à l’intérieur de l’Europe (“Independence in Europe”, le slogan des SNP) ou séparé de Bruxelles. Lors de la campagne du “oui”, d’ailleurs, Labour et le SNP ne cherchèrent pas à dissimuler leurs projets ultimes différents, laissant ce choix-là aux électeurs. Ils réussirent, ensemble, avec tous les supporters du “oui”, à déjouer des “scare stories” évoqués par Cook et dans la première partie de la présente analyse. Cependant, selon les sondages, seule une infime minorité de l’électorat envisagerait l’indépendance ; la menace de l’éclatement de la Grande Bretagne ne se profile pas encore à l’horizon, même si les partis nationalistes continuent à attirer un électorat désormais jeune, diverse et géographiquement dispersé. C’est la nature de cet électorat face à son identité nationale que nous examinerons à présent.

Robin Cook attribue clairement le succès de la dévolution au présent et à l’avenir à la capacité des partis pour l’autonomie régionale de reconnaître et s’adapter à la diversité de ce Royaume-Uni. La composition ethnique et idéologique des populations de la “périphérie celtique” a influencé les questions d’identité nationale, et donc les propos de leurs représentants élus, et son évolution a permis un recul et une adaptation politiques à leur sujet.

Les changements partent de la base vers le haut, c’est donc par les évolutions socio-culturelles qu’il convient de commencer notre explication. Alors que le vote timide des Gallois en faveur de la dévolution en 1997 (25% de l’électorat, 50% du vote tout juste) témoigne d’une certaine réticence et manue de confiance nationale, le vote positif des Ecossais, tant pour la dévolution vers un parlement écossais (74%) que pour une certaine indépendance économique en matière d’impôts (63%) témoigne d’une adhésion à son identité écossaise plus marquée qu’en 1979. D’ailleurs, on peut réellement parler de net progrès en ce qui concerne les Gallois aussi, puisqu’en 1979 ils avaient rejeté la proposition (20% de “oui”), alors que les Ecossais l’avaient accepté mais en nombre trop peu puissant pour surmonter l’obstacle du Cunningham Amendment.

C’est effectivement à partir des années 1960, mais en allant croissant pendant les années 70 et 80, que l’on reconnaît une “renaissance culturelle” (une deuxième pour l’Ecosse). Les traditions sont respectées, mais il y a une volonté de creuser les épisodes autrefois romantisés et détournés de leur histoire. Les Ecossais en particulier réinjectèrent leur littérature, musique et arts d’une vie nouvelle, insufflée par de réelles interrogations sur leur passé. Le Kailyard des années 1890 avait débouché sur les prises de position déjà plus introspectives dans la période entre-deux-guerres, notamment le poète Hugh MacDiarmid qui avait mené la première renaissance culturelle écossaise ; et désormais une littérature, un cinéma et une musique s’est vu naître, dont les icônes en Ecosse furent James Kelton, Liz Lochead et Irvine Welsh ; et au pays de Galles, la musique des Smashing Pumpkins par exemple. Ce qui les différenciait des périodes antérieures, c’était les racines et les expériences sociales de cette nouvelle voix de sa nation.

Alors que les voix intellectuelles et artistiques des pays avaient jusque-là reflété le rural, l’idéalisme, les classes moyennes et les élites, une nouvelle expression de l’engagement artistique était prônée par les jeunes multi-ethniques urbains, notamment de Glasgow dans le cas de l’Ecosse. Leur engagement (on peut citer les paroles de “Breadline Britain”, “She’ll privatise your granny if you give her half a chance”) s’est concrétisé par les tendances de vote vers l’autonomie et contre le pouvoir centralisant, et par les manifestations politiques auxquelles les artistes prenaient part. Le résultat fut une politique et une économie en évolution.

Le vote nationaliste peut se caractériser d’expression du sentiment d’identité nationale. Alors que jusque dans les années après-guerre l’électorat SNP ou Plaid Cymru représentait une petite minorité d’idéalistes repliés sur un passé glorieux (cf. Saunders Lewis, poète et fondateur de Plaid Cymru, qui prônait un retour à l’idéal agraire du passé pré-industriel), leur présence de plus en plus notable, aux élections locales surtout, fut le symbole de la population en pleine mutation. Or, les succès d’abord à Camarthen de Plaid Cymru (1966) puis à Hamilton du SNP (1967) représentèrent le début d’une menace pour les vieux partis établis. Ceci fut le moteur d’une politique intégrationniste, sans cesse en évolution elle aussi, par les partis traditionnels du pouvoir. John Smith disait déjà en 1981 que, si les Ecossais avaient perdu la dévolution, c’était surtout par manque de confiance nationale, l’idée de “mériter” une autonomie. Le cas du Pays de Galles en fut une illustration encore plus saisissante : annexée et intégrée à l’Angleterre effectivement dès le 13ème siècle et surtout à partir de 1536, les Gallois avaient en majeure partie perdu leur sens d’identité séparée ; même si des variations existaient à l’intérieur de la nation (la côte ouest ayant retenu plus d’identité “galloise” à proprement parler que l’est et le centre), celles-ci exacerbaient le sens de cohésion nationale faible plutôt que de tirer le pays vers l’union.

C’est au constat de la disparité de l’électorat nationaliste que le SNP et Plaid Cymru ont répondu. Ne visant plus le même public qu’autrefois, ils se sont faits tous deux les porte-paroles d’une politique inclusive, visant tous les citoyens plutôt que ceux liés par la naissance, la langue ou la religion. Ainsi le discours du non-conformisme galloisant s’est muté en véritable politique globale pour la représentation du pays au Royaume-Uni et en Europe.

L’identité nationale dans une construction comme le Royaume-Uni ne peut qu’être source de conflits potentiels, car de fait la population appartient à une nation ainsi qu’un pays, les deux n’étant pas équivalents. Ceci donne lieu à ce qui a été qualifié de “schizophrénie”, se sentir “British” et “Scottish” ou “Welsh” pouvant provoquer des paradoxes identitaires. Dans le cas de l’Ecosse, cette “Caledonian antisyzygy” est particulièrement forte du fait de la nature plus développée d’une identité nationale (ayant conservé son Eglise, son système légal et son système éducatif à l’Union des Parlements en 1707, l’Ecosse a su garder une partie de son identité séparée de l’Angleterre). Cependant, ce n’est que depuis les années 90 que l’on puisse dire que les Anglais ont, eux aussi, commencé à différencier “English” de “British”, les deux ayant servi de synonymes pendant plusieurs siècles pour bon nombre d’entre eux, selon Alan Little dans un article du New Statesman du 27 mars 2007. Les “stateless nations” (David McCrone) ont enfin recommencé à se bâtir un destin entremêlé mais pas équivalent à celui de l’Angleterre.


L’expérience de la dévolution semble confirmer les propos de Cook, positifs, après tant d’années dans le camp des anti-dévolutionnistes mais converti par la politique New Labour. Cependant, il semble dangereux d’accepter sa déclaration que “the United Kingdom has guaranteed its future.” La dévolution est un bouleversement profond des habitudes centralisantes de l’Etat, et même si les échos en sont plutôt positifs, il reste des questions non-résolues (the West Lothian question), et une envie anglaise croissante (les Gallois ne paient plus les ordonnances médicales, de l’autre côté de la Severn les frais ont augmenté). Il reste des questions en outre auxquelles seul l’avenir pourra répondre : comme l’a évoqué Lindsay Paterson, historien écossais, y aura-t-il un avenir pour un Royaume-Uni si un jour les pouvoirs actuellement “réservés” par Westminster sont transférés à Bruxelles dans le cadre d’une évolution de l’Union européenne ? Plus immédiatement, la dévolution survivra-t-elle aux inévitables conflits générés par un changement de majorité parlementaire, que ce soit à Westminster ou à Cardiff/ Edimbourg ? Le Royaume-Uni a toujours frayé de nouveaux passages dans la vie politique (elle a été la première démocratie, la première monarchie constitutionnelle et désormais mélange celle-ci avec une forme de fédéralisation – en Ecosse – et de régionalisation – au Pays de Galles). Nous ne pouvons donc dire avec Robin Cook que toutes les conditions sont réunies pour un avenir sécurisé pour le principe de dévolution, d’autant plus que l’avenir pourrait encore accroître les sentiments d’identité nationale et les demandes d’autonomie accrue. A ce titre, il est intéressant de noter que le Senedd, ouvert depuis 2006, comporte des murs déplaceables vers l’extérieur, donc permettant un fonctionnement plus conséquent à l’avenir. Dilwyn Young-Jones, porte-parole du Senedd, a d’ailleurs exprimé son opinion que l’Assemblée actuelle en est encore au stade de ramper à quatre pattes (communication personnelle, 2006): “You crawl before you can walk, you walk before you can run.” C’est donc que la représentation politique des deux nations permet encore bien des évolutions, mais que c’est le peuple qui en décidera les directions.


Et pour le fun, voici mes commentaires tirés du forum à la sortie de l’épreuve, sur mes impressions sur le vif.

J'etais SURE que ca serait la litte !! Nom d'un nom. Finalement j'ai pondu 18 pages de m$%^e, j'ai etale quelques connaissances et pas forcement les bonnes, ma problematique n'en etait pas une (peut-on partager l'optimisme de Cook - j'aurais du nuancer un peu plus, j'adoooore le plan de tonton ! flute et re-flute), et mes parties s'enchainaient logiquement (seul achievement pour moi) mais dans un francais tordu (ben tiens !) et des betises de chez M. Betise. Genre j'ai colle le code-barres au debut plutot qu'a la fin, donc l'intro que je detestais a du rester jusqu'au bout, ugh. Le francais ne coulait pas du tout naturellement, j'ai invente plein de choses, et j'ai attribue le truc du 'motorway with only one exit' a Tom Nairn au lieu de Tam Dalyell ! Argh.

J'aurais du manger mon porridge ce matin... Je me suis levee a 5h, pouvais plus dormir, et puis j'ai carrement oublie mon petit-dej parce que je relisais des trucs de P&P, resultat des courses j'ai attrape une banane en sortant a 6h30. Demain, porridge au rendez-vous, beaucoup moins de stress (j'aime bien les commentaires, au moins on ne seche pas, quoiqu'avec 18 pages le probleme etait plutot l'inverse, j'ai fait un cours de devolution, et meme pas un bon). Un commentaire - en anglais - en litte, ca reunit plutot mes points forts (civi en francais les faibles, had you guessed?) alors j'espere simplement ne pas etre eliminee par une note hyper-nulle et passer aux autres epreuves. C'est la trad qui compte vraiment, faut s'le dire...

Rambling! (My whole essay was like this.) I need to sleeeeeeeeeep...

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