Aider les élèves en détresse

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*''' Pour les "jeux dangereux" entre enfants.''' *''' Pour les "jeux dangereux" entre enfants.'''
-Eviter de parler de "jeux" car ça banalise des pratiques violentes et ce mot semble donner le droit de frapper un faible et un alibi aux participants.+Eviter de parler de "jeux" car ça banalise des pratiques violentes et ce mot semble donner le droit de frapper un faible et dédouane les participants en leur donnant un alibi .
=> En parler aux élèves impliqués et les confronter à leurs "jeux". => En parler aux élèves impliqués et les confronter à leurs "jeux".

Version du 29 décembre 2007 à 11:29

Cette page ne concerne pas les difficultés scolaires mais les difficultés sociales voire personnelles et affectives d'un élève. Elle a pour but de répondre à la question : que faire face à un problème extra-scolaire (violences sexuelles, suicide, maltraitances diverses, dépression, deuil ...) dans le cadre de la fonction de professeur ?

Les premiers renseignements que vous y trouverez sont extraits d'une journée de formation donnée dans un collège de Seine-Saint-Denis intitulée "Prévention Violences sexuelles et domestiques". Si vous ajoutez quelque chose, merci de préciser la source et de créer une autre partie.


                 POUR LA PREVENTION DES VIOLENCES SEXUELLES ET DOMESTIQUES

Sommaire

Quelques données ...

Des habitudes de langage

Nous avons tendance, au travers du choix de nos mots, à minimiser la réalité des violences sexuelles et domestiques.

Quelques exemples:

  • "abus sexuel" : un abus est juste l'exagération de quelque chose de permis. Or l'agression sexuelle, puisque c'est le terme, est condamnée par la loi.
  • "une tournante: terme presque ludique; le terme exact est "vol en réunion"
  • "avouer qu'on s'est fait violer": un aveu, c'est pour un crime ou une faute dont on est l'auteur...
  • "un pédophile": le suffixe -phile est en général positif! "violeur d'enfants" est dur à entendre, mais correspond mieux à la (triste) réalité.

Cette liste n'est pas exhaustive ... On peut penser au terme d' "enfant en danger", alors que jusqu'en mars 2007, les lois parlaient d' "enfants maltraités", terme plus adéquat.

Quelques chiffres

Différentes études ont été menées:

  • en 1987, 1 enfant sur 24 (sur un panel d'enfants interrogés) a déjà été victime d'agressions sexuelles.
  • en 1995, une étude révèle que, pour des enfants en grande difficultés scolaires, 30% des filles sont ou ont été victimes d'agressions, et 65% pour les garçons.
[hors étude]Pour des élèves de SEGPA, un enfant sur 2 pourrait être victime.
  • qui maltraite?

Dans 57% des cas, la mère; dans 27% des cas, le père. Et dans 10% des cas, le beau-père. Autrement dit, des proches de l'enfant.

  • 1% des agresseurs sont condamnés (peu de plaintes déposées, difficultés de mener une enquête, ..)

Conséquences des violences sexuelles et domestiques

  • Décès: 700 enfants par an.
  • 34% des victimes tentent de se suicider (contre 6% de la population non victime)
  • 3 fois plus de maladies chroniques chez les victimes
  • 3 fois plus nombreux à avoir des rapports non protégés par la suite ("pourquoi prendre soin de mon corps?")
  • Un grand nombre de victimes finissent agresseurs à leur tour.
  • Prostitution (80% victimes d'agressions dans l'enfance)
  • Alcoolisme grave et autres addictions
  • Anorexie, etc.

Si l'élève se confie à nous

Un(e) élève nous confie de manière très explicite qu'il est victime d'abus sexuels ou de maltraitance

Comment réagir?

A ne pas dire

  • "Va en parler à X" (CPE, infirmière, ...) cela serait un rejet de l'élève.
  • "C'est la première fois?" La première fois, c'est déjà trop!
  • "T'en as parlé à ta mère?" si l'enfant choisi de se confier à nous, c'est que l'enfant n'a pas confiance (en son père, sa mère, ...) ou que cela n'a servi à rien.
  • "Tu l'as dit à quelqu'un d'autre?" => "pourquoi tu me choisis moi pour ce type de révélation?"
  • "Tu as peur?"/ "comment tu te sens?" il vaut mieux ne pas se renseigner sur l'état psychique de l'enfant au moment de la révélation; un professionnel le fera.

A dire

  • "c'est bien d'en avoir parlé"
  • "cette personne (l'agresseur) n'a pas le droit"/ "Tu n'y es pour rien" Montrer à l'élève qu'il n'a rien fait de mal
  • "On va t'aider"

Il faut éviter de poser des questions, en somme.

Que faire?

  • Ne pas émettre de doutes face à une telle révélation; si l'enfant a menti, ça sera à la police de s'en occuper.
  • Ecouter l'enfant sur place: il a choisi la personne, le lieu, le moment. Après, on peut lui demander s'il veut aller voir le CPE, l'infirmière (ou autre) -et s'il veut être accompagné- ou aller en cours.
  • Pas de geste réconfortant ou rassurant. L'enfant a sûrement une mauvaise conception des gestes des adultes.
  • Il faut immédiatement écrire les mots exacts de l'enfant (quitte à le faire devant lui). Exemple: "le [date], X est venu me trouver, et a dit: "hier soir, mon papa m'a forcé à mettre son zizi dans ma bouche"."

Attention, nous avons une tendance à minimiser (par exemple, transfomer inconsciemment le "forcé" en "demandé")

Un tel rapport doit être faxé au procureur dans l'heure.

Remarque : jusqu'à 72 heures après les faits, on est encore dans du flagrant délit et l'urgence médico-légale.

  • Le signaler auprès du chef d'établissement, des infirmières, de l'assistante sociale et du CPE.

Si l'élève ne se confie pas

Comment reconnaître un(e) élève victime de violences sexuelles?

2 profils dans nos établissements:

  • L'élève qui se laisse aller: surpoids, voire obésité, et manque d'hygiène. L'élève cherche à ne pas être désirable aux yeux de son agresseur, et/ou à cacher le fait qu'il/elle est désirable. Elève souvent rejeté(e) par ses camarades et peu considéré(e)par l'équipe éducative.
  • L'élève à la tenue provocatrice: décolleté, mini-jupes, vêtements moulants... L'élève ne cherche pas vraiment à provoquer les remarques et les suggestions, comme on le pense souvent; elle cherche plutôt à dire "la prochaine fois, tu ne m'auras pas, je resisterai".

Il va sans dire que ces 2 types de comportement doivent alerter l'équipe éducative, souvent prompte à juger ces élèves; il faut alors rechercher le dialogue, et ne pas attaquer sur l'apparence physique: "t'as vu comment tu t'habilles? tu cherches ou quoi?"

Quels signes?

Un élève qui ne va manifestement pas bien n'est pas forcément victime de maltraitance. C'est aussi une caractéristique de l'adolescence.

Les signes peuvent être : de l'agressivité, de la susceptibilité, une attitude fuynate, un manque d'hygiène, des pleurs subits, des mutilations, et un changement brutal de comportement.

Que faire?

  • Aller parler à l'enfant.

Phrases à dire :

"Je vois bien que ça ne va pas, j'ai remarqué que...." , "Qu'est-ce qu'il se passe ?"

Si l'enfant nie qu'il y a un problème. -"Ok tu ne veux pas en parler, est-ce qu'il y a quelqu'un à qui tu peux en parler ? ..."


-"Je reste dispo..."

-"Je n'ai pas l'impression que tu ailles bien..."

  • Voir les parents (certains enfants ne laisseront rien paraître à la maison, il y a peut-être des soucis à l'école genre racket.)

Si les parents répondent : "il nous fait chier depuis longtemps" => Il y a de grandes chances qu'il y ait de la maltraitance derrière.

"On n'en tire rien sans la taper, n'hésitez pas." => Répondre que dans un lieu public, "je n'ai pas le droit et que si vous la tapez trop, vous pouvez avoir des ennuis avec la justice." Dans ce cas-là, les parents cherchent une alliance avec l'équipe éducative et il faut rompre l'alliance.

Attention aux mots des parents.

"Il porte malheur", ça peut cacher autre chose. => rester vigilant et ne pas rester seul, voir l'assistant social ou l'infirmière. Quand on entend ça, on a tendance à être sidéré et à ne pas pouvoir penser. Notre boulot n'est pas de faire la différence entre erreur éducative et maltraitance.

=> En discuter avec l'assistant social et l'infirmière qui complèteront le tableau ou pas.

  • Pour les violences psychologiques, si on ne peut pas agir en justice, au moins se situer de l'autre côté de la barrière par rapport aux parents, ça fera respirer l'enfant.


  • Pour les "jeux dangereux" entre enfants.

Eviter de parler de "jeux" car ça banalise des pratiques violentes et ce mot semble donner le droit de frapper un faible et dédouane les participants en leur donnant un alibi .

=> En parler aux élèves impliqués et les confronter à leurs "jeux".

=> Trouver le maître du jeu et lui enlever sa "responsabilité".

Ressources