Conseils pour le Thème.

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Sommaire

Thème Agrégation interne 2004

Le rapport 2004 ne se trouve plus en ligne actuellement. Le texte était le suivant divisé en 3 paragraphes par commodité:

Mes plus grands souvenirs de cinoche sont liés à « tonton Charles» qui n'était pas notre oncle mais le parrain de Colette et le meilleur copain du «jeune temps» de mes parents. Avec sa couenne épaisse et burinée, à la manière des grands baroudeurs amerloques – Bogart, Sterling Hayden, Randolph Scott, Spencer Tracy –, ses cheveux argentés, ses épaules massives, une ou deux dents en or, je lui trouvais une bonne gueule de héros. Sa compagne, Jeannette, aurait pu s'appeler MacDonald tant elle était décolorée, parfumée, embijoutée, bref chic et troublante. Le couple correspondait d'autant mieux, à mes yeux, à la mythologie hollywoodienne qu'il habitait un petit studio sous les toits, à Passy – stores rayés, géraniums au balcon, meuble-bar –, qui valait un penthouse à Manhattan.
Suprême prestige, tonton Charles était taxi, à son compte, et possédait ainsi une Vedette ventrue de chez Ford - encore l'Amérique – avec des chromes étincelants et un compteur à fanion. A l'heure du café, il me permettait parfois de m'installer derrière le grand volant de bakélite de la Vedette. Je me faisais alors un délicieux petit cinéma en klaxonnant et en imitant les « vroum-vroum » avec la bouche. Jusqu'au jour où, en tirant le démarreur, je déclenchai de vrais vroum-vroum. (...)
Charles et Jeannette, sans enfants, ne pensaient qu'à me faire plaisir avec de l'extraordinaire. En me laissant dévorer un saladier de griottes au sirop rafraîchies au «Frigidaire », en mettant de la gomina sur mes cheveux pleins d'épis, en me prêtant leur dentifrice Email Diamant, rose profond, avec un toréador sur le tube, ou en me racontant leurs épiques voyages à travers l'Espagne, inaccessible Eldorado. Grenade, Séville, Cadix, Aranjuez, castagnettes et corridas... Poussières d'or, soleil rouge, technicolor.

Robert BElLERET, Les Bruyères de Bécon Sabine Wespieser, 2002, p.121-122

Commentaires et conseils pour l’épreuve

Introduction : la situation d’énonciation

  • Il convenait de conserver les ruptures de registre du texte, ruptures dues au télescopage des voix du narrateur enfant et du narrateur adulte.
  • Il était nécessaire de garder les nombreux parallélismes trouvés dans le texte source.

Fidélité au texte-source

  • Si les termes ont été assez bien compris, c’est lors de la restitution en anglais que se sont posés les problèmes majeurs ; bon nombre de copies (certaines dont l’anglais est syntaxiquement de bonne qualité) ont été pénalisées en raison de la confusion entre une traduction en tant qu’exercice universitaire et une traduction pour public qui n’a pas accès au texte original, ceci conduisant à une très désagréable réécriture du texte.
  • En effet, le jury a malheureusement été trop souvent confronté à un non-respect du texte de départ, avec pour conséquence des difficultés contournées par réécriture, des remaniements syntaxiques inutiles, des gloses menant parfois au pléonasme et au non-sens. De telles réécritures conduisent tout naturellement à des lourdeurs qui ont été pénalisées par le jury.

Repères culturels

  • Les repères culturels n’ont pas toujours bien été compris, ni restitués.
  • Le terme Frigidaire, trouvé de surcroît entre guillemets, indique qu’il s’agissait d’une marque française, et qu’il n’était donc pas pertinent de le traduire. Un simple calque suffisait à rendre cette notion, ou une explicitation comme, par exemple, a refrigerator, a « Frigidaire ». La même remarque valait pour le dentifrice Email Diamant, qui devait rester ainsi dans la traduction anglaise (their deep-pink Email Diamant toothpaste) et non être traduit.

Niveau de langue

  • Si le texte-source présentait un niveau de langue qui de prime abord pouvait paraître assez familier, niveau de langue qui devait être rendu, afin de conserver la voix narrative de l’enfant, le choix d’un niveau de langue par trop familier, voire vulgaire parfois a été sanctionné.

Calques

  • Calques syntaxiques:

De nombreuses structures ont été calquées sur les structures françaises correspondantes, alors que ceci est totalement impossible en anglais. L’appréciation nominale nécessitait un étoffement.

  • Calques lexicaux:

De trop nombreux candidats ont également recours à des calques lexicaux, ce qui a souvent conduit soit à des barbarismes, soit à des lexèmes utilisés à mauvais escient. Plus grave peut-être était la méconnaissance du fonctionnement de certains substantifs. Finalement, l’onomatopée vroum-vroum devait être conservée ici. Le jury a trop souvent déploré des fautes d’orthographe, les candidats se contentant généralement de recopier le terme français, alors que l’onomatopée correspondante en anglais est orthographiée vroom-vroom. Il ne fallait pas oublier de mettre cette dernière au pluriel.

Syntaxe

  • Certaines structures, pourtant courantes, devraient être connues, comme les structures du type d’autant plus que, rendue par all the more / since / because. D’autres erreurs plus graves ont été trop souvent relevées. Que dire de la méconnaissance du génitif ? Il est impossible d’inventer des adjectifs en anglais ou d’accumuler les qualificatifs internes en position prénominale.
  • Les correcteurs ont également été frappés par le nombre important d’erreurs dans l’agencement. L’anglais opte pour l’ordre déterminant-déterminé dès lors qu’il s’agit de composés. La construction de certains verbes pourtant courants a également posé de nombreux problèmes.
  • Les cas d’inversion sont beaucoup plus rares en anglais qu’en français. Beaucoup moins libres en anglais, ils obéissent à des contraintes syntaxico-pragmatiques. Ces contraintes d’ordre se retrouvaient également à l’intérieur des groupes nominaux complexes.

Lexique

  • Les candidats sont fortement encouragés à revoir – voire apprendre – du vocabulaire. Un enseignant de langue est en formation permanente dans ce domaine de l’anglais. Si l’on peut assez facilement pardonner que certains lexèmes ne soient pas connus, le lexique courant ne peut être ignoré dans un concours du niveau de l’agrégation. Les approximations lexicales ont été déplorées dans de nombreuses copies. Parfois, le lexique paraissait tout simplement non compris.

En général, le lexique pêche par plusieurs aspects :

  • il est parfois trop imprécis, ce qui a donné lieu à beaucoup de « néologismes » qui sont en fait des barbarismes ou à des termes appartenant au champ lexical du mot dont il fallait donner la traduction, mais aboutissant cependant à des faux sens.
  • il mène parfois au contraire à des barbarismes en cherchant à être trop précis. Il en est de même avec un problème relatif aux « phrasal verbs », globalement assez mal maîtrisés.
  • il est parfois laissé tel quel (non traduit ou mis entre guillemets) et donc pénalisé.
  • il est parfois contourné par des structures en –like ou par d’improbables adjectifs composés.
  • il est parfois – et ceci est encore plus grave – un véritable non-sens.

Détermination nominale

  • La méconnaissance étonnante du fonctionnement de substantifs communs (distinction continu – discontinu / indénombrable – dénombrable) a entraîné de nombreuses erreurs.

Composition nominale

  • C’est bien la traduction des groupes nominaux complexes (dont la composition fait partie) qui semble avoir posé le plus de problèmes aux candidats. Pour traduire correctement ces divers groupes nominaux, il convenait de s’interroger sur les liens sémantico-syntaxiques créés entre les divers noms, afin de choisir entre une structure de type N+préposition+N, une structure génitive de type N’S N, ou bien un composé de type N-N.
  • En ce qui concerne la composition nominale, le jury a noté cette année un nombre d’erreurs assez important notamment par une récurrence de noms composés qui n’existent pas et ne peuvent pas exister. On note une tendance à l’emploi abusif de ces noms composés sous prétexte que leur utilisation serait plus idiomatique en anglais qu’en français. S’il est vrai que les composés en anglais sont statistiquement plus nombreux qu’en français, il faut tout de même noter que n’importe quel composé n’est pas acceptable et qu’il y a des règles de construction à respecter.
  • Il en est enfin de même de la construction en nom + like qui a connu une sur-utilisation dans les copies ainsi que des constructions avec de multiples traits d’union.

Orthographe et ponctuation

  • On a trop souvent relevé des erreurs d’orthographe qui peuvent soit être mineures, soit conduire à des contresens ou à des non-sens. Le jury a déploré que les noms propres des personnages ne soient pas rendus de façon adéquate. La même remarque vaut pour l’absence de majuscules par endroits , comme en début de phrase, ou pour les adjectifs de nationalité.
  • La fonction syntaxique et sémantique des signes de ponctuation en anglais semble également mal maîtrisée : emploi de la virgule, des deux points, des tirets, plus courants en anglais qu’en français, des parenthèses. D’autres signes ont été trouvés dans plusieurs copies, notamment le signe =, après une énumération. On a également relevé une absence de lisibilité, due à des virgules parfois insuffisantes. La ponctuation, qui a souvent pu être qualifiée de « fantaisiste », mérite donc un réel travail de la part des futurs candidats.

Omissions et incomplétudes

  • Cette année encore, un nombre important d’omissions de mots, de groupes de mots, voire de phrases entières, ont été relevées, ce qui a très lourdement pénalisé les candidats. On ne saurait trop rappeler l’importance d’une relecture attentive en fin d’épreuve.
  • Tout comme pour les autres épreuves, on s’attend à ce que la copie soit soignée (éviter donc les renvois, les flèches, les notes de bas de page, etc.) et l’écriture lisible. Lorsque ce n’est pas le cas (mot illisible, effacé, réécrit à moitié, etc.), le jury pénalise le candidat comme s’il avait omis de traduire le mot.

Conclusion

  • On peut tenter de dresser un rapide inventaire des aspects à garder à l’esprit lors de l’épreuve de traduction, afin d’éviter de perdre inutilement des points.
  • Il vaut mieux parfois éluder une difficulté lexicale lorsqu’on ne connaît pas un terme (hyponyme), plutôt que de proposer des éléments dont on n’est pas sûr (barbarismes, mots qui « ressemblent » mais qui ne veulent, en fait, rien dire).
  • Il est en revanche dangereux d’élucider le difficulté syntaxique car, dans la majorité des cas, les phrases longues ont été utilisées sciemment. Elles peuvent en effet rendre compte d’une pensée plus complexe, d’un lien de causalité, de conséquence ou de contiguïté, ou d’une pensée subjective qui appartient bien à l’énonciateur et qu’il faut tenter de rendre. Ainsi convient-il d’analyser très précisément la syntaxe du texte français, et de ré-agencer seulement si cela est nécessaire, afin d’éviter toute réécriture superflue qui mène inévitablement à des lourdeurs pénalisantes.
  • Les meilleures copies ont été celles où les candidats ont su respecter ou rendre le style et le mouvement du texte sans procéder à des réagencements ou reformulations autres que ceux imposés par la langue cible.
  • Signalons enfin l’importance de la ponctuation (majuscules, tirets, guillemets, etc.), trop souvent délaissée ou traitée comme un élément facultatif alors qu’elle méritait aussi que l’on s’y attachât.