Empire de l’exécutif (l') : la présidence des États-Unis de Franklin Roosevelt à George W. Bush (1933-2006)

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-==Liens==+=Intitulé du sujet=
 + Des trois pouvoirs de l’État fédéral américain, c’est
 + certainement la présidence qui s’est le plus profondément
 + transformée depuis la période fondatrice : aujourd’hui,
 + même les plus forts partisans de l’exécutif parmi les
 + Fédéralistes peineraient à reconnaître une institution
 + qu’ils avaient façonnée en contrepoint de la monarchie anglaise
 + et de ses dérives autocratiques menaçantes pour les libertés civiles.
 + Pour autant, cette évolution reste récente puisque c’est uniquement
 + avec l’élection de Franklin Roosevelt en 1932 que l’on assiste à une
 + redéfinition pérenne de l’exécutif américain, qui commence avec le
 + Vingtième Amendement (1933). Dans un régime politique qui ne change que
 + par crise, les années du New Deal et de la Deuxième guerre mondiale
 + sont marquées par une première concentration du pouvoir dans les
 + mains de la présidence selon les deux axes, horizontal et
 + vertical, de la division du pouvoir aux États-Unis. L’urgence
 + économique, puis diplomatique et militaire, l’homogénéité
 + partisane à la tête de l’État, la mise en retrait de
 + la Cour suprême après l’épisode du Court Packing Plan
 + de 1937, enfin la nécessité de l’union nationale après
 + le 7 décembre 1941 participent toutes à la “présidentialisation”
 + du régime américain. Les présidents Truman et Eisenhower,
 + malgré des pratiques différentes de l’exécutif, stabilisent
 + l’institution, inaugurent ses nouveaux contours après la
 + ratification du Vingt-Deuxième Amendement (1951) et
 + pérennisent aussi, dans le cadre de la Guerre froide,
 + l’idée de la nécessité du consensus Congrès-Présidence en
 + politique étrangère dans deux périodes de “cohabitation”
 + (divided government), 1947-1948 et 1954- 1960. John F. Kennedy
 + inaugure, lui, l’ère de la “personnalisation“ de la présidence.
 + Construction d’un rapport direct avec les électeurs, isolement
 + par rapport au Congrès : deux caractéristiques de ce que
 + l’historien Arthur Schlesinger appellera la “présidence
 + impériale” se mettent en place. La présidence de
 + Lyndon B. Johnson se révèle à la fois transformatrice
 + dans son installation d’un nouveau rapport entre les trois
 + pouvoirs-avec une période d’extraordinaire productivité
 + législative et d’alignement idéologique avec
 + la Cour suprême sur une refondation/expansion des
 + droits individuels en même temps qu’accélératrice
 + de l’isolement de la présidence autour du débat sur le
 + Vietnam qui creuse le “déficit de crédibilité“ (credibility gap).
 + Richard Nixon, à partir de 1969, accentue la césure
 + entre la Présidence et ses contre-pouvoirs, utilisant
 + avec habilité dynamique les pouvoirs du président de
 + commandant en chef des forces armées, de chef de l’État
 + ou encore de “législateur en chef“. On entre alors
 + dans une logique d’affrontement direct avec le Congrès
 + autour des pouvoirs de guerre, du budget et de la
 + politique étrangère qui débouche sur la crise du
 + Watergate et l’humiliation de la présidence.
 + Gerald Ford et Jimmy Carter contribuent, chacun à leur
 + manière, à réparer l’institution ou à l’humaniser, une entreprise
 + paradoxale et contradictoire qui n’est, avec le recul
 + de l’histoire qu’un prélude à la restauration
 + qu’opère Ronald Reagan (1981-1989). Si le “grand communicant”
 + réconcilie l’Amérique avec la Maison Blanche et dessine
 + les contours d’une présidence moderne forte, il relance
 + aussi le débat sur la compatibilité entre efficacité et principes
 + fondateurs, dans le débat sur les nominations judiciaires
 + (Robert Bork) mais surtout sur l’affaire Iran-Contra.
 + L’ancien gouverneur de Californie démontre aussi que la
 + présidence est devenue une institution essentiellement
 + perturbatrice dont le pouvoir réside dans sa capacité à
 + déplacer les rapports de force à son profit. George H. W. Bush,
 + à contrario, Bill Clinton, avec des objectifs différents
 + sur la scène nationale comme internationale, en feront la
 + démonstration. Avec George W. Bush, on parvient à une
 + théorisation extrême de la présidence moderne : expansion
 + des pouvoirs de la vice-présidence, “exécutif unitaire”
 + (unitary executive), “déclarations de signature”
 + (signing statements), combat pied-à-pied avec les
 + tribunaux et le Congrès sur le traitement des
 + prisonniers de Guantanamo, redéfinition/expansion des
 + pouvoirs présidentiels de mener la guerre sont autant
 + de signes d’une nouvelle “impérialisation” de l’exécutif
 + américain, qui fait suite à la rupture institutionnelle qui suit les
 + attentats du 11 septembre 2001. Dans l’étude de cette évolution rapide
 + de l’institution dans la période moderne, on prêtera une attention
 + toute particulière aux points suivants :
 + 1. les différentes théories de l’exécutif telles que mises en avant lors du moment
 + constituant et leur réinterprétation et utilisation dans la période moderne ;
 + 2. la jurisprudence des tribunaux et en particulier de la Cour suprême
 + sur la définition des pouvoirs de l’exécutif ;
 + 3. les grands affrontements Présidence/Congrès ou Présidence/Cour Suprême,
 + notamment la crise de 1937, le 80ème Congrès (1947-1948),
 + le War Powers Act (1973) , puis les commissions d’enquête du Watergate,
 + le pardon de Richard Nixon par Gerald Ford,
 + la crise Iran-Contra, la mise en accusation (impeachment) de Bill Clinton
 + et enfin l’autorisation donnée par le Congrès en octobre 2002
 + au Président Bush d’utiliser la force en Irak ;
 + 4. les contours de la cohabitation à l’américaine divided government) ;
 + 5. La légitimation du pouvoir présidentiel par le suffrage
 + (aspect de la question qui implique la connaissance des grandes
 + évolutions du corps électoral américain, ainsi que des modes de
 + sélection des présidents).
 + 
 +=Liens=
*[http://en.wikipedia.org/wiki/President_of_the_United_States Article wikipedia sur la présidence des Etats Unis] *[http://en.wikipedia.org/wiki/President_of_the_United_States Article wikipedia sur la présidence des Etats Unis]
*[http://en.wikipedia.org/wiki/United_States_Constitution Article wikipedia sur la Constitution des Etats Unis] *[http://en.wikipedia.org/wiki/United_States_Constitution Article wikipedia sur la Constitution des Etats Unis]

Version du 16 mai 2007 à 14:05

Cette page sera consacrée au sujet

Intitulé du sujet

Des trois pouvoirs de l’État fédéral américain, c’est 
certainement la présidence qui s’est le plus profondément
transformée depuis la période  fondatrice : aujourd’hui,
même les plus forts partisans de l’exécutif parmi les
Fédéralistes peineraient à reconnaître une institution
qu’ils avaient façonnée en contrepoint de la monarchie anglaise
et de ses  dérives autocratiques menaçantes pour les libertés civiles. 
Pour autant, cette évolution reste récente puisque c’est uniquement
avec l’élection de Franklin Roosevelt en 1932 que l’on assiste à une
redéfinition pérenne de l’exécutif américain, qui commence avec le
Vingtième Amendement (1933). Dans un régime politique qui ne change que
par crise, les années du New Deal et de la Deuxième guerre mondiale
sont marquées par une première concentration du pouvoir dans les 
mains de la présidence selon les deux axes, horizontal et 
vertical, de la division du pouvoir aux États-Unis. L’urgence
économique, puis diplomatique et militaire, l’homogénéité 
partisane à la tête de l’État, la mise en retrait de 
la Cour suprême après l’épisode du Court Packing Plan 
de 1937, enfin la nécessité de l’union nationale après 
le 7 décembre 1941 participent toutes à la “présidentialisation” 
du régime américain. Les présidents Truman et Eisenhower, 
malgré des pratiques différentes de l’exécutif, stabilisent
l’institution, inaugurent ses nouveaux contours après la 
ratification du Vingt-Deuxième Amendement (1951) et 
pérennisent aussi, dans le cadre de la Guerre froide, 
l’idée de la nécessité du consensus Congrès-Présidence en 
politique étrangère dans deux périodes de “cohabitation” 
(divided government), 1947-1948 et 1954- 1960. John F. Kennedy
inaugure, lui, l’ère de la “personnalisation“ de la présidence.
Construction d’un rapport direct avec les électeurs, isolement 
par rapport au Congrès : deux caractéristiques de ce que 
l’historien Arthur Schlesinger appellera la “présidence 
impériale” se mettent en place. La présidence de 
Lyndon B. Johnson se révèle à la fois transformatrice 
dans son installation d’un nouveau rapport entre les trois
pouvoirs-avec une période d’extraordinaire productivité 
législative et d’alignement idéologique avec 
la Cour suprême sur une refondation/expansion des 
droits individuels en même temps qu’accélératrice 
de l’isolement de la présidence autour du débat sur le 
Vietnam qui creuse le “déficit de crédibilité“ (credibility gap).
Richard Nixon, à partir de 1969, accentue la césure 
entre la Présidence et ses contre-pouvoirs, utilisant 
avec habilité dynamique les pouvoirs du président de 
commandant en chef des forces armées, de chef de l’État 
ou encore de “législateur en chef“. On entre alors 
dans une logique d’affrontement direct avec le Congrès 
autour des pouvoirs de guerre, du budget et de la 
politique étrangère qui débouche sur la crise du 
Watergate et l’humiliation de la présidence.
Gerald Ford et Jimmy Carter contribuent, chacun à leur 
manière, à réparer l’institution ou à l’humaniser, une entreprise
paradoxale et contradictoire qui n’est, avec le recul 
de l’histoire qu’un prélude à la restauration 
qu’opère Ronald Reagan (1981-1989). Si le “grand communicant”
réconcilie l’Amérique avec la Maison Blanche et dessine
les contours d’une présidence moderne forte, il relance
aussi le débat sur la compatibilité entre efficacité et principes
fondateurs, dans le débat sur les nominations judiciaires
(Robert Bork) mais surtout sur l’affaire Iran-Contra.
L’ancien gouverneur de Californie démontre aussi que la
présidence est devenue une institution essentiellement
perturbatrice dont le pouvoir réside dans sa capacité à
déplacer les rapports de force à son profit. George H. W. Bush,
à contrario, Bill Clinton, avec des objectifs différents
sur la scène nationale comme internationale, en feront la
démonstration. Avec George W. Bush, on parvient à une
théorisation extrême de la présidence moderne : expansion
des pouvoirs de la vice-présidence, “exécutif unitaire” 
(unitary executive), “déclarations de signature” 
(signing statements), combat pied-à-pied avec les 
tribunaux et le Congrès sur le traitement des 
prisonniers de Guantanamo, redéfinition/expansion des 
pouvoirs présidentiels de mener la guerre sont autant 
de signes d’une nouvelle “impérialisation” de l’exécutif 
américain, qui fait suite à la rupture institutionnelle qui suit les
attentats du 11 septembre 2001. Dans l’étude de cette évolution rapide
de l’institution dans la période moderne, on prêtera une attention 
toute particulière aux points suivants :
1. les différentes théories de l’exécutif telles que mises en avant lors du moment
constituant et leur réinterprétation et utilisation dans la période moderne ;
2. la jurisprudence des tribunaux et en particulier de la Cour suprême
sur la définition des pouvoirs de l’exécutif ; 
3. les grands affrontements Présidence/Congrès ou Présidence/Cour  Suprême,
notamment la crise de 1937, le 80ème Congrès (1947-1948), 
le War Powers Act (1973) , puis les commissions d’enquête du Watergate,
le pardon de Richard Nixon par Gerald Ford,
la crise Iran-Contra, la mise en accusation (impeachment) de Bill Clinton 
et enfin l’autorisation donnée par le Congrès en octobre 2002 
au Président Bush d’utiliser la force en Irak ;
4. les contours de la cohabitation à l’américaine divided government) ;
5. La légitimation du pouvoir présidentiel par le suffrage 
(aspect de la question qui implique la connaissance des grandes
évolutions du corps électoral américain, ainsi que des modes de
sélection des présidents).

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