Explication de texte littéraire

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Extraits de rapports de jury .

Sommaire

Explication de texte littéraire. 1999

  • Les candidats doivent avoir une excellente connaissance de l’œuvre, des caractéristiques de l’écriture de l’auteur et de la perspective historique dans laquelle l’œuvre s’inscrit.
  • Pour commenter un texte extrait d’un ouvrage au programme, il faut pouvoir jeter sur lui un regard neuf, savoir abandonner un instant les présupposés acquis au cours de l’année et lire le texte, le lire avec attention et souplesse, afin d’en trouver la spécificité. C’est en effet la mise en évidence du sens spécifique du passage qui est le but de l’exercice. Ce « sens » peut être différent d’un lecteur à l’autre, il n’est pas unique et figé. Ce qui n’intéresse pas le jury, ce sont ces présentations qui se contentent de souligner le lien entre texte et roman, qui par de vaines extrapolations font du texte un prétexte et renvoient au roman dans sa totalité. Discursives et généralisantes, elles sont le plus souvent hors sujet.
  • Car le texte, le texte seul, est l’objet de l’étude. A partir de cela, il faut que méthode et intention critique soient en harmonie et qu’il y ait une problématisation, une ligne directrice qui permettra de relier les différents réseaux de sens qui se dégagent, qui orientera la démarche d’analyse vers la démonstration d’une ou d’une pluralité d’interprétations et évitera la chausse-trappe de simples relevés taxinomiques qui, ne servant pas une démonstration construite et dynamique, paraissent superflus et aléatoires.
  • Le plan non-linéaire amène le candidat à un premier degré de conceptualisation. Il ne faut cependant pas se contenter de deux ou trois titres servant de chapeaux à des développemements sans structure, sans progression, sans intention démonstrative. Un plan n’est pas une simple apparence ; c’est l’élaboration d’une démarche interprétative qui, à chaque instant, renvoie à une problématique sous-jacente.
  • La maîtrise d’outils d’analyse critique ne peut pas nuire. Les ouvrages d’introduction à l’analyse littéraire sont très nombreux et le plus souvent très bien faits.


Explication de texte littéraire 2000

  • Il s’agit d’évaluer sa capacité à analyser un texte littéraire et à organiser cette analyse selon une démonstration précise, problématique et progressive.
  • L’exercice consiste à réaliser un commentaire critique : la connaissance générale que le candidat a de l’œuvre ne doit en aucun cas occulter l’analyse détaillée de l’extrait proposé. L’épreuve consiste à dégager la littérarité particulière du texte : si une bonne connaissance de l’œuvre et de ses caractéristiques scripturales se révèle indispensable à une bonne compréhension du texte, ce dernier ne doit pas servir de pré-texte à la récitation d’un cours. Le candidat gagnera à se laisser surprendre par le passage afin de s’interroger sur sa singularité.
  • Une attention particulière à la structure de l’extrait (circulaire ou progressive, fragmentaire ou digressive, elliptique ou répétitive …) ainsi qu’à sa nature (théâtrale, poétique, discursive …) permettra au candidat d’aborder sa singularité. La composition et le mouvement du passage sont souvent éclairants : la répartition du dialogue, l’organisation des paragraphes, la typographie, le surgissement des coupes et des blancs, la ponctuation fournissent de précieux indices. Ils amènent le lecteur à s’interroger sur les enjeux stratégiques qui motivent l’écriture : la composition du passage permet-elle de repérer un découpage ou au contraire une continuité du dialogue ou du discours ? Illustre-t-elle un moment de transition ou de réflexion, l’élan prospectif d’une quête ou le repli circulaire d’un retour ?
  • L’organisation du texte ne saurait être envisagée indépendamment de sa nature. Ainsi, lorsqu’il étudie un texte de Shakespeare, le candidat devrait s’attarder davantage sur le jeu scénique et actantiel – les entrées et les sorties , les rapports de force des personnages, l’occupation de l’espace, les accessoires, etc. – ainsi que les variations des répliques – les joutes verbales, les apartés, les monologues, etc. Le candidat gagnera à s’interroger sur le rôle spécifique des procédés théâtraux qu’il relève dans le texte : les résumés d’événements se déroulant hors-scène provoquent-ils une pause ou une accélération au niveau de l’action ? Accroissent-ils le suspense ou précipitent-ils le dénouement tragique ? Le candidat ne saurait ignorer qu’une pièce est écrite pour être jouée : favorisés par le jeu scénique, savamment orchestrés par le dramaturge, les effets de lyrisme, de pathos, de comique, d’ironie dramatique, etc. provoquent des réactions du côté du lecteur-spectateur. Le candidat devrait se demander quelles sont les causes et les conséquences de son émotion. De façon générale, un commentaire rigoureux et avisé de l’agencement scénique et rhétorique du passge permettra au candidat de contourner le double écueil de la paraphrase et/ou du jugement moralisateur sur les personnages.
  • Une étude précise et maîtrisée des enjeux narratologiques du texte permettra au candidat de bien distinguer auteur, narrateur et personnage. Elle lui épargnera de juger les « créatures de papier » comme des personnes réelles. Dans un extrait de roman, il est en effet nécessaire d’analyser le discours (direct, indirect libre …) et les procédés d’énonciation. De même, le candidat devrait davantage s’interroger sur le rôle de la focalisation.
  • Enonciation et focalisation sont des composantes essentielles de l’explication d’un extrait. Mais elles ne sont pas les seules : en fonction du passage à étudier, le candidat sera amené à analyser le ton du passage (prophétique, ironique ou étrangement neutre …), la présentation des personnages (le nom, le portrait et ses lacunes, le rôle du corps, du costume ou de l’accessoire …), l’agencement de l’espace (les toponymes, les descriptions, la répartition des objets, la fonction des seuils et des obstacles …) ou le traitement du temps (les prolepses, les analepses, les ancrages dans le présent, les variations de rythme …). Soulignons également que l’ellipse, la neutralité et le non-dit sont souvent porteurs de sens.
  • Dans la mesure où elles éclairent le texte, des références culturelles (bibliques, mythiques ou intertextuelles) peuvent enrichir le commentaire de texte. Mais le candidat doit alors justifier la pertinence de ses rapprochements. Enfin, si elles ne sont pas superfétatoires et excessivement longues, des références précises à d’autres passges de l’œuvre peuvent nourrir l’analyse. Le candidat doit aiguiser son regard critique afin de véritablement dégager la spécificité d’un texte littéraire. Il doit analyser de façon claire, précise et pertinente le style et le langage de l’extrait.
  • Le jury déplore le manque de précision terminologique des candidats.Les figures de base gagneraient à être connues. Seule la pratique permettra au candidat de corriger le défaut de m éthode consistant à séparer forme et fond. Les candidats n’intègrent pas leurs repérages à un raisonnement démonstratif. Les champs lexicaux doivent éclairer les réseaux de sens.
  • Car une explication de texte consiste à construire une démonstration. Pour donner plus de relief et de pertinence à son propos, pour éviter les répétitions, le commentaire organisé est préférable à l’explication linéaire. Il permet au candidat de distribuer harmonieusement ses considérations d’ordre général sur la structure et la nature de l’extrait et ses analyses de détail sur le style et le langage dans un développement problématique, équilibré et progressif. L’introduction a d’abord pour rôle d’éclairer et de justifier les étapes du raisonnement qui va suivre. Le candidat doit brièvement situer le passage : loin d’être un résumé de l’œuvre, cette mise en contexte lui permet de souligner l’intérêt de l’extrait. Il est en effet souhaitable que le candidat dégage dès l’introduction la spécificité littéraire et le mouvement du passage à étudier. Ceci le conduira à justifier son orientation critique et à présenter les lignes directrices de l’explication à venir.
  • Un « plan » n’est pas un « trompe l’œil » : il n’est ni un simple classement taxinomique de rubriques thématiques, ni une grille de lecture applicable à tout passge de l’œuvre – ou à toute œuvre littéraire. Un « plan » découle au contraire d’une analyse préalable, respectueuse de la spécificité de l’extrait proposé. En outre, il est préférable que le « plan » annoncé dans l’introduction soit respecté et rappelé en cours d’explication. Hiérarchisant et synthétisant les étapes de la démarche interprétative, il permet au candidat d’articuler les mouvements de sa réflexion. La logique démonstrative du commentaire sera d’ailleurs mise en valeur dans les transitions. Enfin, les candidats n’accordent pas assez d’intérêt à la conclusion de leur explication. Bouclant l’exposé, la conclusion a aussi pour fonction d’élargir le commentaire qui vient d’être réalisé. Elle peut ouvrir l’analyse à d’autres interprétations ou bien montrer en quoi la démonstration qui précède permet d’anticiper l’évolution de la pièce, de la nouvelle ou du roman.
  • Le jury tient à rappeler qu’il s’agit d’une explication de texte orale : s’il est recommandé aux candidats d’utiliser des notes afin d’exposer leur argumentation, il leur est déconseillé de lire un texte intégralement rédigé. Ce sont aussi des qualités pédagogiques (maîtrise du temps, débit modéré, diction appropriée, précision idiomatique et technique) qui permettent aux candidats de mettre en valeur leur commentaire.
  • Les questions du jury ont pour but d’amener le candidat à éclaircir un point qu’il n’a fait qu’effleurer ou à développer un aspect important qu’il a omis dans son commentaire. Une bonne réponse aux questions offre au candidat l’occasion d’améliorer sa prestation.


Explication de texte littéraire 2001

  • L’épreuve d’explication de texte en langue étrangère doit manifester la capacité du professeur à lire un texte et à rendre de façon structurée et convaincante de ses différents niveaux de sens.
  • Le temps de préparation étant relativement bref, il importe que le candidat réagisse vite.

Nature de l’exercice

  • C’est étymologiquement, déplier, dévider, dénouer. Déplier les strates de la signifiance du texte, dévider les fils de sa composition, dénouer les complexités de sa structure. L’explication requiert donc un travail serré sur le maillage du texte afin de faire advenir un sens, ou plutôt des sens à première vue cachés.
  • Efforcez-vous de garder à l’esprit que le texte que le jury propose à votre lecture critique, tout en entretenant une résonnance ou un dialogue intérieurs avec l’œuvre dont il est tiré, est avant tout un objet littéraire à part entière, une unité organique, un tout choisi justement parce qu’il fonctionne de façon autonome.
  • Cherchez à comprendre pourquoi le passage que vous devez expliquer a été choisi par le jury et comment sa spécificité en fait un moment unique dans la totalité de l’œuvre. C’est donc de la singularité de chaque passge dont vous devez rendre compte, tout en éclairant le jury sur les relations particulières qui unissent l’extrait dont vous traitez à son document source. Ainsi la négociation entre fragment à expliquer et œuvre complète doit servir de fil directeur à votre travail.

Repérages textuels

  • Dégagez plutôt la structure de l’extrait, c’est-à-dire l’élément pivot autour duquel il est organisé. Le texte peut s’articuler autour d’une tension entre deux personnages, d’un conflit entre description et dialogue, d’une révélation ou d’une prise de conscience chez l’une ou l’autre des principales figures. Il peut révéler une stratégie d’écriture nouvelle qui fait soudain irruption. Il peut se centrer sur l’idée d’un renversement…En somme, il s’agit souvent d’un moment d’élection, d’un instant de crise, au plan diégétique, ou thématique, ou encore au niveau de l’écriture.
  • L’interrogation sur la structure d’un texte est corrélative d’un regard sur le genre auquel le texte appartient. Chaque type de texte doit être abordé avec des outils méthodologiques appropriés. Si vous expliquez un texte narratif, penchez-vous sur les stratégies d’énonciation, (qui parle ? un personnage, le narrateur, un personnage par la médiation du narrateur ?), les modes de focalisation (qui voit ? par le regard de qui le lecteur a-t-il accès à l’événement ?) Quels rôles la posture énonciative et le point de vue jouent-ils dans la perception que le lecteur a des événements qui sont rapportés ? Les candidats bien armés dans le domaine de la narratologie sont souvent mieux à même de feuilleter le texte et de rendre compte de ses complexités. *Intéressez-vous également au jeu des temps grammaticaux qui souvent révèlent des chronologies bouleversées et soulignent les discordances entre le temps de l’événement et le temps du récit, veillez aux expressions de la modalité qui expriment le jugement du locuteur sur l’événement rapporté, en un mot faites jouer vos capacités de linguiste en rapprochant l’explication de texte de l’analyse des faits de langue : la démarche est souvent éclairante et prouve que les points dits de « grammaire » retenus par le jury n’ont pas été choisis au hasard.
  • Vous devez également être sensibles aux récurrences syntaxiques qui agrègent progressivement des sens nouveaux aux éléments répétés, aux réseaux d’images qui souvent font éclater le sens dans des directions différentes ou au contraire à leur absence. Assurez-vous des différences de fonctionnement entre comparaisons, métaphores, allégories, métonymies et autres figures de la poéticité. Plus votre maîtrise des outils sera précise, plus grande sera votre capacité à dégager les sens cachés du texte et plus convaincante sera votre explication. La tonalité du texte doit également être définie (lyrique, pathétique, ironique …) car elle conditionne un mode particulier d’écriture et est aussi un vecteur de sens.
  • Si vous traitez d’un texte de Shakespeare, prenez aussi en considération tous les éléments propres au genre théâtral, comme les didascalies, les positions probables des personnages sur la scène, les entrées et sorties des personnages, tous éléments qui au même titre que les éclairages ou encore les inflexions de voix, oeuvrent pourtant de manière décisive à la promulgation du sens. *C’est à la littérarité du texte que vous devez rendre justice, aux stratégies mises en œuvre dans le document et qui commandent, souvent à votre insu, la lecture que vous en faites. L’explication de texte est dévoilement de tout le travail du texte sous-jacent à la surface. Elle est aussi mise en forme de la pensée et présentation structurée d’une problématique.

Conseils méthodologiques

  • L’explication de texte est un exercice démonstratif qui doit mesurer la capacité du candidat à faire progresser la pensée et à opérer des synthèses. Il s’agit pour vous de classer vos informations, de hiérarchiser les relevés que vous avez opérés et de structurer votre démarche en vue de présenter une réflexion cohérente, articulée autour d’une problématique clairement posée dans l’introduction. La problématique est l’ossature générale de votre démonstration, son pivot, sa ligne de force ; elle assure au développement une dynamique interne. Le jury vous saura toujours gré de manifester votre aptitude à présenter une argumentation cohérente fondée sur un enchaînement organique de vos idées. Tout ce que vous dites doit être opératoire et servir la problématique que vous avez posée.
  • L’introduction de votre explication doit être brève et efficace : elle situe le passage dans l’œuvre, pose la problématique et annonce le plan qui en découle.
  • Il n’y a pas d’impératif catégorique à devoir construire un plan en trois parties. Un plan en quatre parties peut tout aussi bien se justifier pour peu qu’il soit cohérent et dynamique. Soignez les conclusions partielles et les transitions entre les diverses étapes de votre raisonnement, ces chevilles rhétoriques qui soulignent bien les mouvements successifs de votre démonstration, vous permettent pendant la préparation de clarifier votre pensée et assurent au jury une bonne appréciation de votre propos.
  • Quant à la conclusion générale, elle est le point d’orgue de toute votre explication, le nœud où convergent les axes d’analyses que vous avez antérieurement parcourus. N’y répétez pas ce que vous avez déjà dit, répondez plutôt à la problématique que vous avez posée dans l’introduction et ouvrez des perspectives en proposant une réflexion sur l’intégartion de l’extrait dans l’intégralité du texte auquel il appartient.
  • Les explications réussies sont celles qui, observant le texte dans son fonctionnement interne présentent une lecture critique distanciée articulée sur une bonne utilisation des outils méthodologiques et se conformant aux lois rhétoriques de l’exercice de démonstration.
  • L’explication de texte se fait en anglais. Elle doit être servie par une langue fluide, précise et correcte aux plans phonologique, accentuel et grammatical. Le candidat est aussi invité à manier un minimum d’idiome critique sans lequel il est impossible de développer des idées et de faire jouer des concepts.


Explication de texte littéraire 2002

Les meilleures explications sont celles qui manifestent une pensée personnelle, active et réactive ainsi qu’un désir de communiquer dans lesquelles s’exerce la part de liberté du candidat. Cela suppose une réelle volonté d’explorer le texte et de rendre compte de sa spécificité.

L’approche du texte

De l’écoute à l’enquête

  • Par « explication de texte », on entend commentaire composé. Les développements psychologisants et la paraphrase sont à bannir. Importe la double dimension de toute lecture littéraire, à savoir le plaisir du texte, et la réflexion sur le texte.
  • Les figures qu’impose ce type d’exercice ne sont que le cadre nécessaire dans lequel il est permis à chaque lecteur de trouver son espace de liberté individuelle.
  • La découverte des mots, de leur agencement, et de l’effet qu’ils produisent sur soi est une étape indispensable car elle permet d’entendre, sans cloisonner ni réduire le(s) sens a priori, des échos insistants ou des silences, des harmonies ou des discordances, des répétitions avec ou sans différence, le ton particulier d’une voix, la fréquence de certaines formes verbales, etc …. Mais on ne saurait en rester là.

De l’enquête au commentaire

  • La meilleure démarche consiste sans doute à partir des points de résistance. Par points de résistance on peut bien sûr entendre complexités de la m étrique ou de la syntaxe, références obscures, contradictions, ambiguïtés, paradoxes, dérèglement de la chronologie, multiplicité et enchevêtrement des voix et des points de vue. Mais la banalité même d’un mot ou d’une conversation peut également constituer une difficulté majeure.
  • Il va de soi que toutes les stratégies d’évitement ne peuvent que conduire à un exposé d’idées générales et impersonnelles trop dépendantes de cours suivis pendant la préparation ou de lectures plus ou moins bien digérées d’ouvrages critiques. A l’inverse, un réel affrontement avec les mots et ce qu’il advient d’eux au fil du texte a toutes les chances de conduire à des interprétations judicieuses et convaincantes.
  • Il s’agira toujours, à partir d’intuitions premières, de tirer un fil d’Ariane pour s’interroger sur les enjeux et stratégies du texte afin d’en dégager la cohérence interne. Loin de n’être que des détails anodins, les éléments ainsi repérés sont souvent à l’origine de commentaires riches et pertinents.

Que signifie « interpréter » ?

  • « Interpréter » signifie d’abord comprendre.
  • « Interpréter », c’est aussi « proposer un sens à quelque chose ». C’est donc un engagement personnel, qui ne peut emporter l’adhésion que s’il est soutenu par une réflexion maîtrisée, organisée, et servie par des outils d’analyse pertinents. Il s’agit de démontrer le bien-fondé des hypothèses de sens avancées. Si le texte à analyser est un poème ou un extrait en vers, il n’est pas concevable de faire abstraction de sa dimension poétique. De même, commenter l’extrait d’un roman implique une connaissance suffisante et une utilisation à bon escient des éléments fondamentaux de la narratologie.

Quelques conseils méthodologiques

Erreurs et maladresses constatées

  • Introduction artificielle n’annonçant pas les questions que pose le texte et auxquelles le commentaire a pour objet de répondre.
  • Plan du développement calqué sur un découpage du texte proposé par le candidat.
  • Parties non reliées les unes aux autres, témoignant de l’absence de cohérence globale dans le commentaire.
  • Conclusion bâclée, simple résumé du développement. La conclusion est la dernière impression que vous laissez au jury.
  • Notes lues, absence de contact oculaire. Il s’agit d’une épreuve orale et la capacité à communiquer entre pour une part non négligeable dans l’appréciation du jury.

Comment construire un commentaire

  • L’introduction.

Plutôt que de proposer un découpage du texte, il vaut mieux donner une amorce de réflexion sur le mouvement du texte, si celui-ci fait l’objet d’un développement ultérieur. Nous conseillons aux candidats de ne pas multiplier les questions mais de s’en tenir à une problématique clairement et brièvement présentée, sans emphase superflue. Les deux ou trois questions posées à ce stade du commentaire ne doivent pas recevoir de réponse immédiate.

  • Le développement.

Il convient d’organiser la réflexion en deux, trois ou quatre parties équilibrées et d’égale densité de façon à rendre perceptible sa progression. Il s’agit de dominer l’interprétation qu’on en propose, en se référant à celui-ci aussi souvent que nécessaire. Une annonce limpide du contenu de chaque partie est toujours appréciée. Nous invitons les candidats à s’interroger, à chaque étape de leur préparation en loge, non seulement sur la manière dont ils vont formuler leur lecture du texte, mais aussi sur les points particuliers qu’ils cherchent à démontrer au sein de chaque partie du commentaire. Il est bon d’éviter de confondre composition et juxtaposition. Les différentes phases du développement ne doivent pas être interchangeables. La forme ne saurait être isolée du fond.

  • La conclusion.

Cette phase essentielle du commentaire doit réunir en deux ou trois phrases ce qui résulte de l’exploration du texte – les réponses aux questions soulevées en introduction – sans redites et en choisissant une perspective originale. La fin de la conclusion peut aussi être une ouverture, par un prolongement de la réflexion sur l’évolution ultérieure d’un personnage, ou encore par la mise en parallèle du texte analysé avec un autre passage, pour ne citer que deux exemples.


Explication de texte 2003

  • L’explication de texte du fait de sa durée (vingt minutes maximum), permet au candidat de démontrer sa capacité de développer une pensée construite, ainsi que son savoir-faire méthodologique et son aptitude à la communication.

Rappel méthodologique

  • Le candidat veillera à identifier les grandes articulations du texte et à justifier son découpage en vue de dégager les prémisses d’une problématique.
  • Dégager la structure d’un texte ne consiste pas seulement à le découper en unités successives, car relèvent aussi de la structure le maniement de la chronologie, la distinction entre récit et commentaire, et les phénomènes d’enchâssement. Aborder un texte narratif requiert qu’on ait une perception claire des différentes instances énonciatives – auteur implicite, narrateur, narrataire.
  • Dans le cas d’un texte de fiction, il s’impose également de s’interroger sur le contrat de lecture, la focalisation, la ou les voix narratives. Il ne faut pas oublier que chaque mode discursif (fiction, poésie, théâtre) requiert des outils critiques appropriés. Le recours à la narratologie serait mal venu à propos d’une pièce de théâtre.
  • Qu’entend-on par « problématique » dans le cadre d’un commentaire de texte ? Au plan méthodologique, c’est l’élaboration d’une réflexion construite et dynamique. Au plan interprétatif, il s’agit de rendre compte de la spécificité du passage dans son feuillage sémantique et rhétorique, de proposer une analyse fine des enjeux du texte. Pour rendre justice à un texte, il faut saisir ce qui, précisément, se joue là en termes de production de sens et d’effet.
  • Une pensée problématisée est toujours progressive et cumulative. Les « plans » qui se contentent de juxtaposer des développements indépendants les uns des autres, et se limitent à des analyses à caractère thématique, psychologique ou purement lexical (relevé des champs lexicaux) donnent une vision éclatée et lacunaire du texte. Dans le cadre d’un commentaire de texte, une progression dans les étapes du raisonnement doit être un souci premier.
  • On peut faire dialoguer le texte avec les débats contemporains. L’appartenance d’un texte à une esthétique et à un contexte culturel particuliers signifie qu’il ne fait jamais sens à soi seul et ne peut se comprendre qu’en tant qu’il s’inscrit dans un dialogue polyphonique avec d’autres productions artistiques et/ou intellectuelles. Il ne s’agit pas de contextualiser le passage à analyser, mais de saisir son inscription dans une épistémè.
  • Une démonstration dynamique aboutit à une conclusion qui ne sera pas seulement une reprise du plan, annoncé en introduction, des différentes étapes du commentaire, mais qui sera un véritable aboutissement de l’analyse. La conclusion doit être envisagée comme le prolongement synthétique du raisonnement qui vien d’être conduit.

Principaux travers constatés

  • Commentaire linéaire : celui-ci n’est absolument pas propice à l’organisation de la pensée.
  • Lectures de type exclusivement thématique et/ou psychologique : la thématique n’est qu’un des angles d’approche d’un texte. Quant à la psychologie des personnages de romans, rappelons qu’elle est elle-même construite par le texte et que, à ce titre, elle peut être intégrée à l’analyse des stratégies discursives, mais que les personnages ne sauraient faire l’objet d’appréciations psychologiques plus ou moins normatives dissociées de la littérarité du texte.
  • Texte pris comme belvédère sur l’œuvre : le texte n’était qu’un prétexte à la restitution de connaissances générales sur l’œuvre.
  • Lecture de notes : l’épreuve est une épreuve orale, ce qui implique un contact oculaire avec le jury, et proscrit la lecture de notes exhaustives. Une rédaction détaillée constitue une perte de temps.
  • Qualité de la langue : certains candidats oublient les marques grammaticales. On déplore une certaine pauvreté lexicale, ou une utilisation approximative du vocabulaire du commentaire de texte.


Explication d’un texte littéraire 2004

L’étude de texte, présentée sous forme d’un commentaire composé, offre au candidat la possibilité de faire preuve de ses capacités d’analyse et de synthèse ainsi que de son aptitude à mener une démonstration suivie, fondée sur une lecture personnelle du texte, s’appuyant sur celui-ci, et dynamisée par une problématique qui fournit au propos son fil d’Ariane.

L’approche du texte

  • Le bon commentaire se doit de mettre au jour la spécificité du passage soumis à l’analyse, sa fonction et sa valeur intrinsèques, son originalité, voire son caractère atypique. On gagnera beaucoup à « oublier » ce que l’on sait d’une œuvre pour porter un regard aussi neuf que possible sur le passage proposé de façon à rester ouvert aux singularités de ce dernier. Ne pas respecter ce principe fondamental, c’est courir le risque de passer à côté du texte ou de le trahir.
  • Tout aussi inutile que la récitation de cours qui occulte le texte, l’usage abusif et souvent mal maîtrisé de concepts critiques empruntés à telle ou telle école interprétative ne sert souvent qu’à appesantir le discours des candidats, à en opacifier le sens, ou à produire une paraphrase verbeuse. Une poignée de notions essentielles suffit dans la grande majorité des cas à fournir les outils d’analyse nécessaires à l’étude proprement littéraire d’un texte. On se posera avec profit quelques questions simples (liste non exhaustive) : quel type de narrateur, quelle focalisation sont à l’œuvre dans le passage ? Quels effets de sens engendre la structure du texte ? Voit-on se dessiner des champs sémantiques ? Pour répondre à cette question, on prêtera attention aux différentes dénottations et connotations d’un même mot. Ces champs sémantiques sont-ils complémentaires ou antagonistes ? Quels nœuds ou quelles tensions (contrastes, contradictions, paradoxes) font-ils dès lors apparaître ? Quels procédés rhétoriques, quelles figures de style l’auteur utilise-t-il, et dans quels buts ? Quel est le ton du texte ? Lyrisme, pathos, ironie ou comique ne reçoivent pas toujours l’attention qu’ils méritent, alors qu’ils constituent souvent une clé d’interprétation.
  • Il faut bien sûr prendre également en compte la nature du texte. Un extrait de théâtre ne propose pas le même contrat de lecture qu’un passage tiré d’un roman. Les candidats ne font pas assez la distinction entre ces deux modes d’expression littéraire, et se contentent pour la plupart de procéder à l’analyse d’un texte théâtral comme s’il s’agissait d’un simple dialogue, en oubliant au passage les didascalies. La dimension scénique de ce type de texte est trop souvent laissée dans l »ombre, alors que le jeu actanciel les entrées et sorties des personnages, l’occupation de l’espace, l’utilisation d’accessoires, les apartés peuvent fournir des éléments précieux au raisonnement et à la démonstration. Il ne faut pas oublier non plus que le théâtre de Shakespeare repose sur une écriture poétique. Une bonne maîtrise des principes de base de la versification anglaise peut permettre aux candidats de découvrir ou de corroborer certains effets de sens.
  • Ce qui vaut pour la poésie, vaut aussi pour la prose qui en littérature n’est jamais étrangère aux règles de la prosodie. L’étude des sonorités ou des effets de m étrique, l’analyse du rythme d’une phrase ou d’un paragraphe, la prise en compte des allitérations et des assonances peuvent fournie – pourvu qu’elles soient intégrées au discours démonstratif – des arguments très convaincants.
  • Ne jamais perdre de vue que toute fiction, quelle que soit sa nature, est par essence une représentation, et que l’on ne saurait en conséquence parler des personnages d’un texte comme s’ils constituaient des êtres de chair et de sang existant indépendamment de la fiction. Ceci posé, toute analyse psychologique devient impossible et doit être proscrite. Il faut se souvenir qu’un personnage est avant tout l’une des pièces du réseau textuel ; à ce titre, il joue un rôle sur le plan narratologique. Un personnage peut aussi être source d’énonciation, tout spécialement lorsqu’il est narrateur ; pour l’étude du personnage, on examinera donc avec profit les procédés d’énonciation en distinguant par exemple le « je narré » du « je narrant », distinction qui est à la source de nombreuses mises à distance ironiques.
  • Le recours à des références extérieures au passage n’est pas interdit et peut même se révéler éclairant dès lors qu’il est justifié. Les échos intertextuels (emprunts à la mythologie, à la Bible, au corpus de la littérature en général …) font partie intégrante de la construction et de l’interprétation du sens. Notons aussi que certaines références à d’autres passages de l’œuvre dans laquelle s’inscrit l’extrait à étudier peuvent nourrir l’analyse si elles sont judicieusement choisies et présentées avec concision. Elles peuvent même s’avérer indispensables à l’explicitation du passage.

Comment construire un commentaire ? Quelques conseils méthodologiques

  • L’introduction :

Plutôt que de proposer un découpage du texte, approche quelque peu agressive et souvent injustifiée, mieux vaut partir d’une amorce de réflexion sur le mouvement général du texte si celui-ci fait l’objet d’un développement ultérieur. Nous conseillons aux candidats de ne pas multiplier les questions mais de s’en tenir à une problématique clairement et brièvement présentée qui permet un parcours allant du plus explicite au plus implicite. Les deux ou trois questions posées à ce stade du commentaire ne doivent pas recevoir de réponse immédiate.

  • Le développement :

Il convient d’organiser la réflexion en deux, trois ou quatre parties équilibrées et d’égale densité de manière à rendre sensible la progression de la démonstration. Il ne s’agit pas de dominer le texte, mais d’en proposer une interprétation en se référant à celui-ci aussi souvent que nécessaire. Une annonce limpide du contenu de chaque partie est toujours appréciée. A ce propos, nous invitons les candidats à s’interroger, à chaque étape de leur préparation, non seulement sur la manière dont ils vont formuler leur lecture du texte, mais aussi sur les points particuliers qu’ils cherchent à démontrer au sein de chaque partie du commentaire. Il est bon d’éviter de confondre composition et juxtaposition. Les différentes phases du développement ne doivent pas être interchangeables. Si c’est le cas, c’est la preuve que le commentaire n’a pas de cohérence d’ensemble, que la pensée ne progresse pas et par conséquent ne mène à aucune conclusion pertinente. Enfin, la forme ne saurait être isolée du fond.

  • Conclusion :

Cette phase essentielle du commentaire doit réunir en deux ou trois phrases ce qui résulte de l’exploration du texte – les réponses aux questions soulevées en introduction – sans redites et en choisissant une perspective originale. La fin de la conclusion peut être aussi une ouverture, par un prolongement de la réflexion sur l’évolution ultérieure d’un personnage, ou encore par la mise en parallèle du texte analysé avec un autre passage.

Pour l’entretien

L’entretien avec le jury durera désormais quinze minutes au lieu de cinq, ce qui donne bien sûr à cette partie de l’épreuve une importance accrue. Dans tous les cas de figure, la réactivité du candidat dépendra de sa maîtrise des quelques outils d’analyse envisagés plus haut. L’entretien n’a pas pour but de mettre le candidat en difficulté mais au contraire de bonifier sa prestation en l’amenant à réviser ou approfondir certains points de son analyse, voire à le guider vers de nouvelles perspectives d’interprétation. Aussi ne saurait-on trop conseiller au candidat de s’ouvrir autant que possible aux questions du jury plutôt que de camper sur ses positions et de se borner à répéter, fût-ce sous une autre forme, ce qu’il a déjà dit. L’exercice est certes difficile et réclame une grande aptitude à réagir, à envisager les aspects d’un texte auxquels on n’avait pas songé ou qu’un temps de préparation trop court n’avait pas permis de développer correctement.

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