Grande Famine en Irlande de 1845 à 1851

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Sommaire

Texte de cadrage

  • L’événement qui retient sans doute le plus l’attention dans l’histoire irlandaise est la Grande Famine, qui commence en 1845, s’étend à toute l’île l’année suivante, et s’installe jusqu’en 1849, réduisant à quelque six millions en 1851 une population estimée à plus de huit millions en 1845, en raison de la mortalité et de l’émigration.
  • Il conviendra d’aborder cette question en ayant conscience des enjeux interprétatifs et historiographiques. L’ampleur du phénomène le rend impossible à quantifier précisément, ce qui a longtemps suscité et entretenu une querelle de chiffres : l’historiographie nationaliste de la Famine a opté pour une estimation haute, tandis que des lectures qualifiées de révisionnistes ont longtemps tendu à minorer la mortalité de la Famine. Au moment des faits, les contemporains ont divergé dans leurs interprétations. Certains ont pu y voir la conséquence logique de l’incurie d’un peuple paresseux ou rebelle, voire une sanction divine à l’encontre d’une population majoritairement catholique. Inversement, d’autres y ont lu l’échec manifeste de l’Union de 1801 entre la Grande-Bretagne et l’Irlande, allant parfois jusqu’à y voir un dessein caché de la part du gouvernement britannique, qui aurait délibérément laissé mourir la population irlandaise, afin de laisser s’effectuer d’elle-même une réforme agraire de grande ampleur et pour se débarrasser des tensions économiques et politiques qui caractérisaient alors l’Irlande. Cette dimension de la question ne doit cependant pas se substituer à la question elle-même. Elle doit toutefois être envisagée et posée de prime abord, afin de permettre une meilleure approche des sources et documents et de permettre la compréhension de la signification de cet épisode dans l’histoire du Royaume-Uni, dans l’histoire irlandaise, et dans l’histoire des relations entre l’Irlande et la Grande-Bretagne.
  • On s’interrogera sur les conditions de la survenue de cet événement : une forte croissance démographique, un faible développement industriel qui maintient la population sur la terre, un mode d’exploitation des terres et un système de sous-location ayant abouti à ce qu’au moins un tiers de la population soit exclusivement dépendant de sa récolte de pommes de terre de l’année. On observera aussi le dispositif existant pour tenter de pallier la pauvreté endémique, et la vulnérabilité de la population : la loi sur les Pauvres de 1838, qui, s'inspirant de la loi anglaise sur les Pauvres de 1834, appliqua à l’Irlande le système des workhouses, et s’avéra remarquablement inefficace lors de la Famine.
  • L’étude des réactions officielles britanniques mettra en évidence des changements politiques, ainsi que des changements ou continuités de paradigme. La transition vers le libre-échange économique est en cours ; les préoccupations humanitaires et sanitaires vont parfois à l’encontre du laissez faire dominant l’approche des questions sociales ; enfin, dans l’approche des questions irlandaises, la classe politique continue d’osciller entre l’adoption de mesures spécifiques, et la certitude que les diverses crises seraient résolues in fine par la poursuite de l’assimilation législative. Peel, le Premier ministre au début des événements, connaissait bien l’Irlande ; il fit rapidement adopter un programme de travaux publics financés par le Trésor, un contrôle des prix des céréales, et la vente à bas coût ou la distribution de farine de maïs. En pleine abrogation des lois sur le Blé à Westminster, il n’était pas envisageable d’aller plus loin ; et si le gouvernement whig qui suivit la chute politique de Peel renforça ces dispositifs, cela fut insuffisant pour enrayer la famine, et surtout son cortège de pathologies associées, qui tuèrent davantage que la faim elle-même. Les soupes populaires, mises en place en février 1847, furent abandonnées à l’automne, tandis que le principe de l’aide au sein des workhouses était réaffirmé. Il ne fut pas davantage envisagé de prendre des mesures qui auraient interféré avec les lois du marché ou avec les droits des propriétaires, et la vente de bovins irlandais en Angleterre, ainsi que les expulsions de paysans incapables de s’acquitter de leur fermage, continuèrent d’attiser le ressentiment populaire, contre l’Angleterre et contre les propriétaires anglo-irlandais.
  • Sur le terrain, les aides les plus efficaces provinrent de sources caritatives ou philanthropiques, dont on abordera le dynamisme et la contribution. Si l’aide apportée par les Quakers fut unanimement saluée, il y eut aussi des initiatives ouvertement prosélytes, qui contribuèrent à renforcer des animosités socio-religieuses déjà vivaces. La population britannique, informée, contribua de manière significative, via des dons à des sociétés caritatives ou philanthropiques. Néanmoins, cet élan initial fut freiné par la persistance du phénomène, ainsi que par des événements qui purent être interprétés comme des manifestations d’ingratitude : l’élection de trente-six députés (sur les cent membres de la représentation irlandaise à la Chambre des Communes) en faveur de l’abrogation de l’Union lors des élections de 1847, et le soulèvement manqué, mené par William Smith O’Brien à l’été 1848. Ces deux événements fourniront un éclairage sur ce qui, à cette période, subsiste du cadre antérieur de la contestation politique en Irlande : le nationalisme constitutionnel d’une part, et le nationalisme culturel d’inspiration révolutionnaire et romantique d’autre part.
  • Il faudra enfin envisager les conséquences de la Famine. Si les années 1849-1851 furent des années de retour à la normale pour la production de la pomme de terre, et de consolidation de l’état de santé de la population restante, elles font apparaître un pays profondément transformé. En premier lieu, une restructuration des terres agricoles a été opérée de facto, par l’élimination des paysans les plus vulnérables ; beaucoup de propriétaires fonciers en ressortent toutefois économiquement affaiblis. L’impact est également très net sur la démographie : la surmortalité et la sous-natalité liées à la famine, les nouveaux comportements induits par le caractère traumatique de l’événement, ainsi que l’émigration, ont cassé et inversé très durablement la courbe démographique en Irlande. Il existait un flux migratoire antérieur ; celui-ci s’est intensifié fortement pendant la Famine, tout en changeant de nature, évoluant très vite vers une émigration massive et paupérisée, transportée à bord de coffin ships, devenus tristement célèbres. Ce nouveau schéma allait perdurer durant des décennies. Il ne s’agira pas ici d’étudier la diaspora irlandaise, mais de regarder succinctement les flux migratoires dans la durée, en volume et en zones principales de destination. Dans les décennies suivantes, chez la population qui demeure, on observe un recul de l’âge du mariage accompagné logiquement d’une baisse de la natalité, ainsi que, au sein de la majorité catholique, d’une hausse perceptible de l’entrée dans les ordres séculiers ou réguliers. Ici encore, il ne s’agira pas de s’engager dans une étude approfondie des comportements démographiques, mais de pouvoir cerner les contours de la nouvelle société irlandaise qui se met en place après la Famine, en réponse à celle-ci, et durablement.

http://cache.media.education.gouv.fr/file/agregation_externe/75/8/p2015_agreg_ext_lve_anglais_303758.pdf

Bibliographie

Liens utiles

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  • [1] Un examen de l'évolution historiographique sur le sujet.
  • [2] Un deuxième examen de l'évolution historiographique.
  • [3] Une analyse de l'historiographie récente.
  • [4] Une lecture révisionniste faite par certains historiens.
  • [5] Un retour sur les événements rédigé par Cormac Ó Gráda (University College Dublin).
  • [6] Ressources en ligne sur la Grande Famine en Irlande.
  • [7] Liens vers des sources primaires.
  • [8] Le déroulement des événements entre 1845 et 1849.
  • [9] Un retour sur les principaux faits de la fin des années 1840.
  • [10] Des ressources sur la rébellion de 1848.
  • [11] Des informations sur l'évolution démographique d'après le recensement de 1861.
  • [12] La démographie irlandaise au cours de la décennie 1841-1851.
  • [13] Une chronologie des événements entre 1845 et 1851.
  • [14] Les groupes venus à l'aide de l'Irlande.
  • [15] L'économie et la société irlandaise de 1815 à 1870.
  • [16] Les aspects politiques et administratifs de l'Irlande de 1815 à 1870.
  • [17] Site sur la Grande Famine.
  • [18] Autre site sur les événements de 1845-1851.
  • [19] Les Poor Laws au XIXè siècle.
  • [20] Les workhouses en Irlande.
  • [21] L'impact de la Grande Famine, en particulier en Ulster.
  • [22] L'Irish Poor Law et la Grande Famine.
  • [23] L'évolution et la représentation de la douleur collective relative à la Grande Famine.
  • [24] Le domaine de la famille Godfrey pendant la Grande Famine.
  • [25] La propriété terrienne en Irlande.
  • [26] La Grande Famine et le contexte économique.
  • [27] Documentaire sur la Grande Famine (première partie).
  • [28] Documentaire sur la Grande Famine (deuxième partie).
  • [29] Conférence de Christine Kinealy à Poitiers.
  • [30] Conférence de Peter Gray à Paris.
  • [31] Documents de la journée d'études au Centre culturel irlandais.
  • [32] Ouverture de la journée d'études "an Gorta Mór".
  • [33] Philippe Chassaigne, "La Famine et la situation politique en Irlande".
  • [34] Laurent Colantonio, "Les nationalistes irlandais et la Famine".
  • [35] Christophe Gillissen, "The Times and the Great Irish Famine, 1846-47".
  • [36] Christine Kinealy, "The Famine and Private Philanthropy".
  • [37] Cormac Ó Gráda, "An Economic Analysis of the Great Famine".
  • [38] Pauline Collombier-Lakeman, "La Famine vue par la presse de l'empire britannique".
  • [39] Geraldine Vaughn, "The Irish famine: a global event. Reactions and perceptions by Irish communities and Catholic clergy in Scotland and Australia".
  • [40] Maureen Murphy, "Asenath Nicholson and the Great Famine" (première partie).
  • [41] Maureen Murphy, "Asenath Nicholson and the Great Famine" (deuxième partie).
  • [42] Anne-Catherine de Bouvier, "Ireland’s political life during the Famine: Election, constitutionalism and revolution".
  • [43] Mary E. Daly, "Current Perspectives on the Irish Famine".
  • [44] "The 1846-1851 Famine in Ireland: Echoes and Repercussions in Britain, the Empire and on the Continent".
  • [45] Revue française de civilisation britannique : "La Grande Famine en Irlande, 1845-1851".
  • "Quelles solutions irlandaises ? La Famine dans The Nation, 1845-1848"

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