Home Rule de 1870 à 1914 (La Question du)

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Bien que le cas de l’Irlande ait été un sujet particulièrement préoccupant entre 1870 et 1914, le thème proposé invite à traiter une question qui agita également le reste du Royaume-Uni pendant la même période. On peut rappeler qu’en mai 1886, une ''Scottish Home Rule Association'' vit le jour à la suite de la création Bien que le cas de l’Irlande ait été un sujet particulièrement préoccupant entre 1870 et 1914, le thème proposé invite à traiter une question qui agita également le reste du Royaume-Uni pendant la même période. On peut rappeler qu’en mai 1886, une ''Scottish Home Rule Association'' vit le jour à la suite de la création
d’un ''Scottish Office'' l’année précédente. Une organisation favorable à l’autonomie galloise baptisée ''Cymru Fydd'' fut aussi fondée à Londres en 1886, quatre ans après que l’instauration du ''Home Rule'' à l’échelle du Royaume-Uni eut été promue lors de l’Eisteddfod de Denbigh. En 1914, la Première Guerre mondiale mit en suspens non seulement l’application du ''Home Rule Act'' irlandais mais aussi les discussions engagées à partir de février sur des projets d’autonomie pour le pays de Galles et l’Écosse. À la même date, la ''Scottish Home Rule Association'' connut un déclin important. d’un ''Scottish Office'' l’année précédente. Une organisation favorable à l’autonomie galloise baptisée ''Cymru Fydd'' fut aussi fondée à Londres en 1886, quatre ans après que l’instauration du ''Home Rule'' à l’échelle du Royaume-Uni eut été promue lors de l’Eisteddfod de Denbigh. En 1914, la Première Guerre mondiale mit en suspens non seulement l’application du ''Home Rule Act'' irlandais mais aussi les discussions engagées à partir de février sur des projets d’autonomie pour le pays de Galles et l’Écosse. À la même date, la ''Scottish Home Rule Association'' connut un déclin important.
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 +La question du Home Rule doit donc se comprendre comme un débat sur l’Union qui concerna à la fois l’ensemble du Royaume-Uni et chacune de ses nations constitutives, y compris l’Angleterre. Étudier les liens et les contacts entre les différentes associations luttant pour l’autonomie politique dans chaque nation sera
 +donc nécessaire. Il faudra prêter attention à leur développement et à leurs différences : elles n’eurent ni la même taille, ni la même influence ; surtout elles cultivèrent des aspirations politiques qui ne coïncidaient pas forcément entre elles et ne furent pas toujours solidaires les unes des autres. Les aspirations à davantage d’autonomie administrative et législative se retrouvèrent aussi parfois associées ou mises en concurrence avec d’autres revendications : celles qui concernaient la question des terres (Irlande, Écosse et pays de Galles)ou encore celles qui touchaient les questions religieuses ou les questions d’éducation (Irlande et pays de Galles).
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 +Il convient également de replacer les débats britanniques sur l’avenir constitutionnel de l’Union dans le cadre géographique plus large de l’Empire. En effet, pour les opposants au Home Rule, une des objections majeures à l’autonomie de toute partie du Royaume-Uni, notamment celle de l’Irlande, était qu’un tel projet
 +risquait de provoquer le démembrement de l’Empire. Or, à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, l’Empire britannique connut des évolutions importantes. Les colonies de peuplement européen (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) accédèrent à davantage d’autonomie politique. Au cours de la même période, d’autres territoires sous le contrôle du Royaume-Uni (Egypte, Inde, Afrique méridionale) connurent l’émergence de mouvements de contestation de la domination coloniale britannique et des guerres coloniales. Ces évolutions et événements inspirèrent les partisans du Home Rule, britanniques ou irlandais. Au cours des mêmes décennies, le combat mené par ceux qui, au Royaume-Uni et notamment en Irlande, aspiraient à davantage d’autonomie politique fut considéré comme une source d’inspiration dans le reste de l’Empire. Sans exiger des candidats qu’ils maîtrisent la question de l’émergence d’identités nationales au sein de l’Empire dans toute sa complexité, on pourra cependant attendre d’eux qu’ils soient en mesure d’appréhender la dimension transnationale du Home Rule.
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 +Le terme de Home Rule recouvre une diversité de projets. Employé concurremment à d’autres formules (devolution, federal devolution, federal union, decentralisation, federal home rule, local self-government, national self-government ou home rule all round), l’expression Home Rule fit parfois office de simple slogan, de cri de ralliement ou d’invitation à négocier. Des projets beaucoup plus détaillés furent cependant rédigés ou présentés. Dans le cas de l’Irlande, Westminster eut à statuer sur trois projets de loi déposés en 1886, 1893 et 1912. Il conviendra d’accorder une attention toute particulière à ces sources, d’autant plus que le projet de Home Rulesupposait de résoudre un certain nombre de questions complexes : celle du partage des tâches et de la relation constitutionnelle entre Westminster et les parlements locaux ; celle du maintien de députés irlandais, écossais et gallois au Parlement de Westminster ; et celle de la participation des trois nations devenues autonomes au budget du Royaume-Uni et de l’Empire.
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Version du 7 avril 2018 à 06:40

Question de civilisation britannique au programme de l'agrégation externe et interne 2019.

Texte de cadrage

La question du Home Rule, longtemps perçue et considérée comme une question anglo-irlandaise, s’est vue redéfinie par de récents travaux historiques montrant qu’il s’agit d’une question plus large, à la fois britannique et impériale, et invitant à une nouvelle approche susceptible de nourrir la réflexion des candidats, quelle que soit l’aire anglophone qui concentre leur intérêt.

En effet, si les nationalistes irlandais cherchaient à accroître l’autonomie de l’Irlande, leurs revendications eurent des échos dans les autres régions celtes du Royaume-Uni et dans plusieurs territoires coloniaux. Le Home Rule suscita ainsi des débats vigoureux sur la constitution britannique, sur l’Union et sur l’unité de l’Empire, provoquant par la même occasion une reconfiguration des paysages politiques dans les Iles Britanniques. Il s’agit donc d’étudier la question du Home Rule dans un cadre large, en accordant une attention particulière aux liens entre les différents territoires, à la réception des revendications nationalistes irlandaises en Grande-Bretagne et dans les colonies, aux relations entre centre et périphéries, aux mouvements et partis qui défendirent la cause de l’autonomie législative, aux débats sur l’avenir du Royaume-Uni et de l’Empire, et aux clivages politiques sur ces questions.

Si le terme de Home Rule est apparu dans le vocabulaire politique en 1858, la question devint véritablement un sujet de débats politiques intenses à partir de 1870. En Irlande, le protestant Isaac Butt constitua une association destinée à promouvoir une solution dite « fédérale » à la question d’Irlande (Home Government Association). Les tenants et aboutissants du projet furent présentés par Butt lui-même dans un ouvrage intitulé Irish Federalism: Its Meaning, Its Objectives and Its Hopes(1870). C’était le début d’un long combat pour les nationalistes modérés irlandais, dont on peut dire qu’il s’acheva en septembre 1914, lorsque le troisième projet de loi britannique sur l’autonomie de l’Irlande ou Home Rule Bill se trouva à la fois voté définitivement par le Parlement britannique et temporairement mis de côté en raison de la décision du Royaume-Uni de prendre part à la Grande Guerre.

Bien que le cas de l’Irlande ait été un sujet particulièrement préoccupant entre 1870 et 1914, le thème proposé invite à traiter une question qui agita également le reste du Royaume-Uni pendant la même période. On peut rappeler qu’en mai 1886, une Scottish Home Rule Association vit le jour à la suite de la création d’un Scottish Office l’année précédente. Une organisation favorable à l’autonomie galloise baptisée Cymru Fydd fut aussi fondée à Londres en 1886, quatre ans après que l’instauration du Home Rule à l’échelle du Royaume-Uni eut été promue lors de l’Eisteddfod de Denbigh. En 1914, la Première Guerre mondiale mit en suspens non seulement l’application du Home Rule Act irlandais mais aussi les discussions engagées à partir de février sur des projets d’autonomie pour le pays de Galles et l’Écosse. À la même date, la Scottish Home Rule Association connut un déclin important.

La question du Home Rule doit donc se comprendre comme un débat sur l’Union qui concerna à la fois l’ensemble du Royaume-Uni et chacune de ses nations constitutives, y compris l’Angleterre. Étudier les liens et les contacts entre les différentes associations luttant pour l’autonomie politique dans chaque nation sera donc nécessaire. Il faudra prêter attention à leur développement et à leurs différences : elles n’eurent ni la même taille, ni la même influence ; surtout elles cultivèrent des aspirations politiques qui ne coïncidaient pas forcément entre elles et ne furent pas toujours solidaires les unes des autres. Les aspirations à davantage d’autonomie administrative et législative se retrouvèrent aussi parfois associées ou mises en concurrence avec d’autres revendications : celles qui concernaient la question des terres (Irlande, Écosse et pays de Galles)ou encore celles qui touchaient les questions religieuses ou les questions d’éducation (Irlande et pays de Galles).

Il convient également de replacer les débats britanniques sur l’avenir constitutionnel de l’Union dans le cadre géographique plus large de l’Empire. En effet, pour les opposants au Home Rule, une des objections majeures à l’autonomie de toute partie du Royaume-Uni, notamment celle de l’Irlande, était qu’un tel projet risquait de provoquer le démembrement de l’Empire. Or, à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, l’Empire britannique connut des évolutions importantes. Les colonies de peuplement européen (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) accédèrent à davantage d’autonomie politique. Au cours de la même période, d’autres territoires sous le contrôle du Royaume-Uni (Egypte, Inde, Afrique méridionale) connurent l’émergence de mouvements de contestation de la domination coloniale britannique et des guerres coloniales. Ces évolutions et événements inspirèrent les partisans du Home Rule, britanniques ou irlandais. Au cours des mêmes décennies, le combat mené par ceux qui, au Royaume-Uni et notamment en Irlande, aspiraient à davantage d’autonomie politique fut considéré comme une source d’inspiration dans le reste de l’Empire. Sans exiger des candidats qu’ils maîtrisent la question de l’émergence d’identités nationales au sein de l’Empire dans toute sa complexité, on pourra cependant attendre d’eux qu’ils soient en mesure d’appréhender la dimension transnationale du Home Rule.

Le terme de Home Rule recouvre une diversité de projets. Employé concurremment à d’autres formules (devolution, federal devolution, federal union, decentralisation, federal home rule, local self-government, national self-government ou home rule all round), l’expression Home Rule fit parfois office de simple slogan, de cri de ralliement ou d’invitation à négocier. Des projets beaucoup plus détaillés furent cependant rédigés ou présentés. Dans le cas de l’Irlande, Westminster eut à statuer sur trois projets de loi déposés en 1886, 1893 et 1912. Il conviendra d’accorder une attention toute particulière à ces sources, d’autant plus que le projet de Home Rulesupposait de résoudre un certain nombre de questions complexes : celle du partage des tâches et de la relation constitutionnelle entre Westminster et les parlements locaux ; celle du maintien de députés irlandais, écossais et gallois au Parlement de Westminster ; et celle de la participation des trois nations devenues autonomes au budget du Royaume-Uni et de l’Empire.



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