Méthodologie pour la Dissertation de civilisation

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Notes prises dans les rapports de jury.

Sommaire

Dissertation de civilisation 2002

Quelques rappels

Cette épreuve est avant tout une épreuve de communication par le biais de la page blanche et de l’écriture, de rencontre entre un candidat et un correcteur. Cela commence par la présentation générale, la graphie. De trop nombreuses copies semblent étrangement avoir oublié cet aspect des choses. De même qu’à l’oral les candidats essaieront de trouver ton, inflexion, rythme de parole justes pour « vendre » leur présentation, on attend qu’à l’écrit ces préoccupations soient à l’ordre du jour. Peut-être n’est-il pas inutile alors de s’entraîner à écrire quelques pages à la main pour s’assurer de l’éventuel résultat. Peut-être n’est-il pas inutile de réfléchir avant l’épreuve à la façon d’organiser physiquement sa copie ( transitions entre les parties et sous-parties, passages à la ligne entre paragraphes, utilisation de la ponctuation – nous pensons ici aux titres des films ou ouvrages qui trop souvent disparaissent dans la masse du mépris des règles de graphie ). Peut-être n’est-il pas inutile de penser à l’effet que la copie va produire sur le lecteur (et pas uniquement à cause de son génial contenu). Peut-être n’est-il pas inutile de relire attentivement sa copie avec un œil aussi détaché que possible pour éliminer toutes les erreurs d’orthographe, de répétitions, de constructions de phrases, d’incohérences notoires de raisonnement qu’un premier jet fiévreux peut avoir produit. Ce sont là quelques préoccupations de base qui démontrent un soin et un intérêt pour la communication que le correcteur saura aisément identifier et dont il ne manquera pas de savoir gré au candidat.


Dissertation de civilisation 2004

Quatre points méritent une attention plus particulière : la construction d’une problématique dès l’introduction, l’élaboration d’une argumentation, le rôle de la conclusion et l’importance d’une expression soignée. Le problème majeur constaté par le jury est la difficulté de passer du placage de connaissances à l’argumentation. Cela suppose une préparation sérieuse, l’assimilation des connaissances afin de pouvoir les déployer au service d’une réflexion personnelle, et un entraînement à l’épreuve de la composition.

L’introduction

  • L’introduction occupe une place stratégique dans une composition : elle définit l’angle sous lequel le sujet est abordé, le cadre dans lequel il sera traité. Il est donc essentiel de s’attacher à analyser les termes du sujet ou de la citation dès l’introduction, afin de bien en percevoir la portée et de prendre une certaine distance.
  • Dans le cas d’une composition en civilisation, il convient entre autres de bien cerner la période à traiter.
  • Une introduction qui aborde la citation d’un point de vue linguistique ou sous un angle pseudo-philosophique, qui ne s’enracine pas dans le contexte historique de la question au programme, révèle une méconnaissance de la nature même de l’épreuve puisque l’épreuve de civilisation suppose une réflexion fondée sur la maîtrise de la question au programme.
  • De même, une simple copie du sujet ou une paraphrase de la citation met en évidence un manque de préparation et d’entraînement. Certaines copies se contentent même parfois de mettre les éléments de la citation à la forme interrogative, puis négative. D’autres se demandent si l’auteur a tort ou raison, mais ne parviennent pas à approfondir l’analyse. Les meilleures copies mettent en relation les termes, identifient et analysent les mots clés, les situent dans un contexte et proposent un fil conducteur qui structure la composition.
  • Dans ce dernier cas, l’annonce d’un plan est en général cohérente avec l’analyse et permet d’approfondir le sujet et d’argumenter de manière pertinente.
  • Plus souvent, les copies étaient articulées autour de termes centraux de la citation. Lorsque ceux-ci étaient simplement juxtaposés, ils ne permettaient guère de cerner la question.
  • Certains plans s’inspirant parfois du programme officiel s’apparentaient davantage à des cadres généraux qui entraînent un étalage de connaissances sans mise en rapport explicite avec le sujet proposé. D’autres enfin ont plaqué une problématique sans rapport évident avec la citation.

L’argumentation

  • Elle découle en partie de l’introduction et du degré d’élaboration de la problématique. Elle est également symptomatique du degré de maîtrise des connaissances qui, bien qu’indispensables à une argumentation pertinente, ne sont pas suffisantes. La plupart du temps les candidats maîtrisent les données factuelles essentielles malgré quelques erreurs. Ces dernières ne portent pas préjudice à la réflexion d’ensemble, et le jury est capable de faire preuve d’indulgence, compte tenu de la masse d’informations à assimiler face à un programme aussi vaste.
  • En revanche, certains événements doivent être connus. La simple mention de quelques dates ne suffit pas.
  • Il est donc indispensable de sélectionner les connaissances pertinentes afin de les utiliser dans le cadre d’un raisonnement, d’une démonstration. C’est la compétence principale qui est évaluée dans cette épreuve.
  • D’autre part, une argumentation trop manichéenne ou simpliste n’est pas non plus satisfaisante, car elle ne permet pas de rendre compte de la complexité des faits historiques. Il faut savoir nuancer ses propos pour faire preuve d’une compréhension fine.
  • Si les connaissances historiques sont bien évidemment la matière première d’une réflexion de qualité, il est recommandé de connaître les positions des principales écoles de pensée historiographiques.

La conclusion

  • L’absence de conclusion est assez fréquente, soit par manque de temps, soit à cause d’une problématisation insuffisante. S’il est légitime, voire recommandé d’élargir le propos par une référence à la suite des événements, il ne faut pas oublier pour autant de reprendre les grandes lignes de la composition, de synthétiser les principales conclusions intermédiaires, afin de faire le bilan de son travail.
  • Cette étape est essentielle car une conclusion réussie peut faire toute la différence entre une copie faible et une copie acceptable. Lorsque la direction d’ensemble a tendance à se perdre au fur et à mesure du développement, une conclusion qui reprend les idées du propos introductif, permet de relier les fils de la réflexion et de faire aboutir la composition, laisse le lecteur sur une impression plus favorable.

L’expression

  • Forme et fond étant étroitement liés, la qualité de l’expression est tout à fait essentielle. Elle couvre plusieurs aspects, qui vont de l’orthographe à la ponctuation, en passant par la mise en page et le vocabulaire. Les bonnes compositions sont rédigées dans une langue précise et claire, voire élégante.
  • Une bonne présentation facilite la lecture et permet de mieux suivre le fil de la pensée. Ainsi, le découpage en paragraphe qui doit être mis en évidence par un retrait en début de ligne doit correspondre à une transition entre deux idées ou deux thèmes importants. De même, la ponctuation, y compris l’utilisation de majuscules et de minuscules, contribue à l’intelligibilité de l’expression.
  • Le vocabulaire utilisé dans les copies a été jugé convenable dans l’ensemble, même si certains termes ne sont toujours pas maîtrisés.
  • Par ailleurs, certaines formes ne sont toujours pas maîtrisées et le temps des verbes est parfois erroné. Il faut signaler à cet égard que le présent de narration, fréquent en français, est à éviter en anglais, du moins dans le cadre d’une composition de civilisation. Quelques mots sont déformés par rapprochement avec le français – redoublement des consonnes.

Exemple d’une bonne copie commentée

Le jury a eu le plaisir de noter de nombreuses copies de qualité, fondées sur une bonne maîtrise des connaissances, sur une volonté d’argumenter de manière scientifique, et sur un anglais idiomatique et riche.

Dissertation de civilisation 2010

(agreg externe)

  • Une dissertation doit d’abord démontrer et convaincre à l’aide d’arguments solides, fondés sur des références précises, énoncés et articulés de façon claire et logique. Le sujet de cette année étant un sujet citationnel, il s’agissait de se positionner par rapport au propos de Foner et d’en apprécier la justesse grâce aux connaissances sur la période et ses enjeux, mais aussi sur les débats historiographiques qui l’ont suivie. Le défaut méthodologique le plus souvent observé était la tendance à glisser vers une démarche descriptive ou narrative qui était doublement pénalisante car elle faisait souvent tomber la dissertation dans la récitation de cours et empêchait l’argumentation d’émerger. Le jury n’attendait pas des candidats qu’ils racontent l’histoire de la Reconstruction ou qu’ils se contentent de décrire les tensions raciales ou le ressentiment des blancs du Sud à l’égard des Républicains. Si certaines anecdotes bien choisies peuvent parfois enrichir le propos en l’illustrant, elles ne doivent pas occulter l’analyse : la démonstration doit toujours s’imposer et dominer clairement. Le correcteur doit toujours savoir où le candidat l’emmène, pourquoi, et de quelle façon tel ou tel développement se rattache à la citation, qui doit rester en permanence au coeur du travail. Le flou, dans une dissertation, est un défaut rédhibitoire.
  • Le jury souhaite également attirer l’attention des futurs candidats sur la nécessaire précision des termes employés. Les réalités propres au contexte américain doivent être maîtrisées, et en particulier la connaissance des institutions de ce pays doit être suffisamment précise pour qu’aucune ambiguïté n’apparaisse dans le propos.
  • La toute première chose à faire est de consacrer un temps suffisamment important à l’analyse du paratexte de la citation puisque le nom de l’auteur, la date et la source apportaient des indications précieuses sur la façon de l’aborder. Choisir de survoler cette étape par crainte d’être pris par le temps en fin d’épreuve se révèle être un mauvais calcul dans la plupart des cas. C’est la familiarité acquise avec la pratique de l’exercice qui doit permettre aux candidats d’organiser le temps dont ils disposent de façon adéquate.
  • Ce travail effectué, il fallait ensuite s’interroger sur les termes essentiels de la citation, définir leur sens pour l’auteur (pourquoi emploie-t-il tel terme plutôt qu’un autre ? A quoi fait-il référence précisément ? Les termes qu’il emploie ont-ils un sens particulier pour lui ?) et les recadrer dans le contexte général de la période. Encore une fois, ce travail préalable peut prendre un certain temps mais il se retrouvera dans la copie et le correcteur valorisera ce souci de rigueur. A l’inverse, un candidat qui s’en dispense prend le risque de rédiger une copie où chaque notion fondamentale n’est qu’une étiquette posée sur un contenu vague et indéterminé.
  • Une fois ces clarifications posées, il fallait délimiter les bornes chronologiques du sujet.
  • Les clichés et les simplifications moralisatrices, le discours d’empathie ou d’indignation n’ont pas été rares : il importe donc de rappeler que ce type de propos n’a pas sa place dans une dissertation.

Dissertation de civilisation 2013

(agreg externe)

  • Il importe de prendre en compte l’intégralité des concepts ou des termes d’un sujet citationnel dont tous doivent être clairement définis et aucun considéré comme allant de soi. On ne demande pas nécessairement des candidats qu’ils apportent une réponse définitive aux questions qu’ils se posent, mais on leur reprochera toujours de ne pas se poser de questions du tout. [...] Il faut rappeler que la réflexion sur la citation doit irriguer l’ensemble du travail, et en scander les étapes. Elle ne doit en aucun cas être considérée comme une corvée dont le candidat s’acquitterait dans l’introduction pour ensuite aborder le sujet de son choix et déplier ses connaissances sans se préoccuper du sujet donné.
  • Le plan est l’illustration raisonnée, logique et progressive d’une démonstration, qui elle-même découle d’une problématique précise, c’est-à-dire d’une hypothèse de travail élaborée à partir d’une analyse serrée de la citation. Ces différentes étapes de la construction d’une démonstration, bien que distinctes, sont étroitement liées les unes aux autres. Il en va de même des parties du plan. Si elles sont interchangeables [...] la démonstration ne saurait être considérée comme logique ou progressive. La finalité première de la dissertation n’est pas d’exécuter, souvent de manière mécanique, un plan en trois parties, mais de déployer la réflexion sur la citation et le sujet qui aura été élaborée dans l’introduction.

Dissertation de civilisation 2014

(agreg externe)

  • Dans leur étude de la citation, les candidats doivent avoir à l’esprit trois grands cadres d’analyse, ou trois grands « défis » :
  • mettre en regard compréhension globale et compréhension détaillée de la citation : une analyse minutieuse de tous les termes de la citation est nécessaire, mais ne doit pas faire perdre aux candidats l’idée directrice proposée par l’auteur ;
  • lorsque l’exercice de dissertation est fondé sur une citation, les candidats doivent, comme pour un commentaire de texte, fonder leur problématique sur la lecture que propose l’auteur de la citation de la question au programme. Ici, il ne s’agissait pas de parler des rapports de force dans la décolonisation britannique en général mais de proposer une lecture nuancée de l’analyse critique que Füredi lui-même opère dans ce passage. Nous y reviendrons plus loin, mais cela signifie que les candidats doivent travailler à mettre en regard deux problématiques (celle de l’auteur sur la question au programme et la leur propre sur le point de vue de l’auteur) – et revenir donc fréquemment, au cours de leur dissertation, aux termes de la citation.
  • le paratexte ne doit pas être ignoré, sans pour autant que l’analyse soit totalement subordonnée (surtout si l’auteur n’est a priori pas connu des candidats, comme c’était ici le cas ; il s’agit alors de procéder à une analyse prudente, et de justifier clairement les hypothèses/analyses émises).

Liens extérieurs