Mouvements protestataires, contestations politiques et luttes sociales en Grande-Bretagne (1811-1914)

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Enfin, tout au long du XIXe siècle, la Grande-Bretagne construit un Empire colossal. Cette expansion impériale Enfin, tout au long du XIXe siècle, la Grande-Bretagne construit un Empire colossal. Cette expansion impériale
est critiquée, voire contestée, par des minorités en métropole. Nous nous intéresserons, dans un sixième axe, est critiquée, voire contestée, par des minorités en métropole. Nous nous intéresserons, dans un sixième axe,
-au mouvement pour l’abolition de l’esclavage qui atteint son apogée pendant les années 1820 et 1830,+au '''mouvement pour l’abolition de l’esclavage''' qui atteint son apogée pendant les années 1820 et 1830,
-ainsi qu’au soutien métropolitain apporté aux luttes nationalistes des pays colonisés (Inde et Irlande,+ainsi qu’au '''soutien métropolitain apporté aux luttes nationalistes des pays colonisés''' (Inde et Irlande,
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Question de civilisation britannique (tronc commun) à l'agrégation externe et interne 2025 et 2026.

Texte de cadrage

Depuis plusieurs décennies, l’historiographie s’est largement intéressée à l’histoire des mouvements protestataires et des luttes sociales menées en Grande-Bretagne au XIXe siècle. L’histoire ouvrière, l’histoire dite « par le bas » (history from below) ou « populaire » (people’s history), l’histoire des femmes et du genre ou encore l’histoire de l’empire et de la colonisation, ont, de façon souvent complémentaire, remis en question le récit, construit par l’historiographie whig, d’une nation apaisée, se tenant à l’écart des révolutions du continent et résolvant les conflits par sa culture du compromis. Une autre histoire émerge alors, faite de combats oubliés et de futurs non advenus, de minorités agissantes et de figures résistantes, de contestations de l’ordre social et politique. L’histoire du XIXe siècle est ainsi façonnée par ce qui fait ici le cœur du sujet : les contestations politiques, les luttes sociales, les combats s’inscrivant dans une perspective d’émancipation plus générale. L’étude de ces multiples mouvements, de nature et de teneur variées, s’étendra sur la période entre 1811, avec le luddisme dans le contexte des guerres napoléoniennes, et 1914, quand l’entrée dans la Première Guerre mondiale met fin à un important mouvement de grèves et de mobilisations politiques.

Si les grandes lignes de l’histoire politique et sociale du pays devront être connues, six thématiques connexes seront tout particulièrement abordées.

Une première thématique est celle du radicalisme politique et de la « plateforme de masse » (1815-1832), une culture contestataire souvent exprimée par le biais de rassemblements publics en plein air. Puisant à la fois dans la culture ouvrière de la Révolution industrielle et dans un héritage révolutionnaire tant national qu’international, ce mouvement met en avant un programme de réforme électorale centré sur le suffrage universel masculin, alors que le corps électoral est restreint. On s’intéressera aux différentes mobilisations des radicaux après la fin des guerres napoléoniennes, au grand rassemblement de St. Peter’s Fields à Manchester en 1819 et au massacre dit de « Peterloo », à la place qu’y occupent les femmes, ainsi qu’aux réponses des autorités. On abordera aussi les rapports parfois complexes entre le mouvement pour l’amélioration de la condition ouvrière et celui contre l’esclavage. On se penchera enfin sur les mobilisations de la crise de 1830-1832, alliant classes populaires et moyennes dans les sociétés pour la réforme parlementaire, contre le monopole politique des grands propriétaires fonciers, des Lords et des Tories.

Un second axe concerne le mouvement chartiste (1838-1858), qui a fait l’objet d’un important renouvellement historiographique. Après 1832 et les déceptions suscitées par la réforme électorale et par le nouveau parlement, avec l’adoption de la nouvelle loi sur les pauvres en 1834, un mouvement de masse se développe, centré sur le suffrage universel masculin et la démocratie, et étendant ses revendications au travail, à l’éducation, à la tempérance ou à la réforme agraire. On s’intéressera en particulier au répertoire de l’action chartiste, à la sociologie et à la géographie du mouvement, aux rapports entre la base et les dirigeants, aux aspects culturels et familiaux du chartisme, à la place des femmes au sein du mouvement, aux journaux et à ce que le chartisme a représenté comme transformation de la culture radicale.

Un troisième axe portera sur les luttes pour le suffrage des femmes (années 1850-1914). Si le suffrage masculin s’étend progressivement en 1867 et 1884, les femmes n’ont pas le droit de vote avant 1918, voire 1928. Là aussi, on étudiera les différentes organisations et personnalités concernées, ainsi que les dynamiques, les formes du militantisme, les répertoires de l’action des suffragistes et des suffragettes. Il semble pertinent d’allier à cette réflexion une mise au point sur les autres combats autour de la condition des femmes y compris l’accès aux professions, la lutte contre les violences conjugales, ou l’opposition aux lois sur les maladies contagieuses. Certaines de ces campagnes, sans pour autant s’apparenter à de véritables mouvements, contribuent à faire avancer la cause des femmes au cours de la période étudiée.

Une quatrième thématique concerne les luttes ouvrières et syndicales. On s’intéressera notamment aux formes précoces de l’organisation ouvrière et à la jeunesse du trade-unionisme, jusqu’en 1850, avant la consolidation de syndicats de métiers (années 1850-1880) puis de syndicats regroupant des ouvriers non- qualifiés (1880-1914), et enfin celle du Parti travailliste. Les formes de la lutte ouvrière, depuis les bris de machines des luddites (1811-1816) en passant par les émeutes agraires (Swing Riots, 1830-1832), les grèves de travailleurs « non qualifiés » au tournant des années 1890, jusqu’à la grande vague de grèves des années 1910-1914, seront analysées. Les liens internationaux des organisations seront également abordés, en portant une attention particulière à l’Association internationale des travailleurs (1864-1872), à l’Internationale ouvrière (1889-1914), ainsi qu’aux circulations militantes et aux solidarités transnationales.

En lien avec la question des luttes ouvrières et syndicales, on se penchera, dans un cinquième axe, sur l’émergence et les transformations du socialisme. Tout au long de la période étudiée, en réaction aux ravages sociaux du capitalisme industriel et financier, des contestataires de l’ordre établi ont réfléchi à une autre organisation sociale. Si avec Robert Owen le socialisme britannique puise ses origines dans la philanthropie plutôt que dans le mouvement ouvrier, il lui a ensuite souvent été lié. Quelles formes ont pris les projets de société ? On s’intéressera à la dimension théorique de ces réflexions, mais surtout aux dynamiques, au militantisme, à l’influence des organisations socialistes, ou encore syndicalistes révolutionnaires, en lien avec les luttes ouvrières au début du XXe siècle.

Enfin, tout au long du XIXe siècle, la Grande-Bretagne construit un Empire colossal. Cette expansion impériale est critiquée, voire contestée, par des minorités en métropole. Nous nous intéresserons, dans un sixième axe, au mouvement pour l’abolition de l’esclavage qui atteint son apogée pendant les années 1820 et 1830, ainsi qu’au soutien métropolitain apporté aux luttes nationalistes des pays colonisés (Inde et Irlande, par exemple) qui prennent de l’ampleur à la fin du XIXe siècle. Les mouvements d’opposition à la guerre des Boers, la formation d’une gauche anti-impérialiste et de courants pacifistes au début du XXe siècle seront également examinés.

Sur chaque thématique, les candidats devront maîtriser les grandes lignes de l’historiographie, les cadres généraux et la chronologie, et connaître des parcours individuels. Pour chaque période, les spécificités de l’Ecosse et du pays de Galles, ou encore des populations immigrées comme les Irlandais, devront également être prises en compte, tout comme les circulations d’idées et de pratiques avec le continent européen, les États-Unis, ou l’Empire colonial. Par son étendue à la fois temporelle et thématique, cette question appelle donc à une maîtrise des différents mouvements et de leurs spécificités, ainsi que des multiples tensions et croisements entre ceux-ci. Ils devront donc être étudiés dans leurs interactions respectives (trade-unionisme et radicalisme, radicalisme politique et suffragisme, luttes ouvrières et socialistes, socialisme et anti- impérialisme, par exemple). Les candidats veilleront à éviter l’écueil d’évaluer les mobilisations à l’aune de leurs succès ou échecs supposés, ou de façon téléologique dans la perspective d’une marche inéluctable vers le progrès, l’émancipation ou la démocratie. Chaque mouvement devra être considéré dans son contexte politique, social et économique particulier. Ses caractéristiques culturelles, sociologiques et idéologiques devront être connues, en évitant toute essentialisation ou simplification.

Bibliographies

Liens utiles