Présidence de Barack Obama (2009-2017) (La)

Un article de Wiki Agreg-Ink.

(Différences entre les versions)
Jump to: navigation, search
Version du 10 avril 2019 à 10:39
Dropscone (Discuter | contribs)

← Différence précédente
Version du 20 avril 2019 à 09:36
Dropscone (Discuter | contribs)

Différence suivante →
Ligne 6: Ligne 6:
-La présidence de Barack Obama fut inédite par la dimension symbolique de l’élection du premier président afro-américain à la Maison Blanche. Elle fut également controversée. Dans les rangs du Parti républicain et de la mouvance conservatrice , des soupçons furent exprimés quant à son penchant supposé pour le socialisme,sa religion ou son lieu de naissance, jetant ainsi le doute sur sa légitimité de chef de l’État ,puisqu’une personne née hors du territoire américain n’est pas éligible à la fonction présidentielle.À l’inverse, ses partisans virent en lui le sauveur d’une Amérique affaiblie moralement,diplomatiquement et économiquement lors de la présidence de George W. Bush(2001-2009), discréditée à leurs yeux par la «guerre contre la terreur» et une crise économiquedepremierplan.Lacampagneprésidentiellede2009suscitaainsil’espoird’ungrandchangementchezlesélecteursd’Obama,pourquiilincarnaitlapossibilitéd’unrenouvellementdelaprésidence,del’Étatfédéraletdelasociété,ainsiquel’éventualitéd’uneaméliorationdusortdesminoritésetd’uneréductiondesinégalités.Ledegrédeconcrétisationdecesespoirsconstituel’undescritèresàl’aunedesquelsunétatdelieuxdelaprésidenceObamapeutêtreétabli.D'autresparamètrespertinentssontégalementàprendreencompte,telsquelatrajectoirepersonnelleetpolitiqued’Obama,lecontexteéconomiquedontilhéritaen2009,ouencorelanaturedusystèmepolitiqueaméricain,caractériséparuneséparationdespouvoirsquilimitelamargedemanœuvreduprésident.Lesmodalitésd’actiond’ObamaévoluèrentenfonctiondelacompositionpolitiqueduCongrès:s’ilputs’appuyerinitialementsurunemajoritédémocratedanslesdeuxchambres,ildutfairefaceàunemajoritérépublicaineàlaChambredesreprésentantsàpartirdesélectionslégislativesde2010,puisauSénatàpartirde2014.Enpolitiqueintérieure,commeenpolitiqueétrangère,lesannéesObamafurentcaractériséesparlarechercheconstanteducompromis.Cependant,unepostureprésidentielleenapparencemoinsimpériale(pourreprendreletermeemployéparA.SchlesingerdanssonouvrageTheImperialPresidency),conjuguéeàdeserreursdecommunicationàproposduprogrammedesesdeuxmandats,afacilitélatâched’uneoppositiondécidéeàfaireobstruction.L’échecdelanominationdeMerrickGarlandàlaCoursuprêmeen2016illustrecesdifficultés.Obama,dontlestalentsd’orateurl’aidèrentàremporterdeuxélectionsdesuiteavecunemajoritéduvotepopulaire,dutrevoirsesambitionsàlabaisse.Pourcernerlesrapportsdeforce,ilconviendradetenircomptedesinterlocuteursduprésident,tantdémocratesquerépublicains.Parmilesprincipauxacteursdelapériode,onretiendradesconseillersetministresinfluentsdel’administrationObama(parexemple,HillaryClinton,RahmEmmanuel,TimothyGeithner,JohnKerry,JacobLew,SusanRiceetLawrenceSummers),ainsiquelesdirigeantsdel’opposition,notammentJohnBoehner,JohnMcCain,MitchMcConnell,MittRomneyetPaulRyan.Ontâcherad’examinerlaprésidenceObamaàl’auned’unensembledepromesses,demesuresetderésultats,ens’attachantaupositionnementidéologiqueetàlastratégiepolitiqueducandidatpuisduprésident,ainsiqu’aucontextesocio-cultureldelapériodeconcernée.Untelexamenappelleuneétudemultidimensionnelle,quipeuts’articulerautourdecinqenjeuxprincipaux.+La présidence de Barack Obama fut inédite par la dimension symbolique de l’élection du premier président afro-américain à la Maison Blanche. Elle fut également controversée. Dans les rangs du Parti républicain et de la mouvance conservatrice , des soupçons furent exprimés quant à son penchant supposé pour le socialisme,sa religion ou son lieu de naissance, jetant ainsi le doute sur sa légitimité de chef de l’État ,puisqu’une personne née hors du territoire américain n’est pas éligible à la fonction présidentielle.À l’inverse, ses partisans virent en lui le sauveur d’une Amérique affaiblie moralement,diplomatiquement et économiquement lors de la présidence de George W. Bush(2001-2009), discréditée à leurs yeux par la «guerre contre la terreur» et une crise économique de premier plan. La campagne présidentielle de 2009 suscita ainsi l’espoir d’un grand changement chez les électeurs d’Obama, pour qui il incarnait la possibilité d’un renouvellement de la présidence, de l’État fédéral et de la société, ainsi que l’éventualité d’une amélioration du sort des minorités et d’une réduction des inégalités. Le degré de concrétisation de ces espoirs constitue l’un des critères à l’aune desquels un état de lieux de la présidence Obama peut être établi. D'autres paramètres pertinents sont également à prendre en compte, tels que la trajectoire personnelle et politique d’Obama, le contexte économique dont il hérita en 2009, ou encore la nature du système politique américain, caractérisé par une séparation des pouvoirs qui limite la marge de manœuvre du président.Les modalités d’action d’Obama évoluèrent en fonction de la composition politique du Congrès : s’il put s’appuyer initialement sur une majorité démocrate dans les deux chambres, il dut faire face à une majorité républicaine à la Chambre des représentants à partir des élections législatives de 2010,puis au Sénat à partir de 2014.En politique intérieure, comme en politique étrangère,les années Obama furent caractérisées par la recherche constante du compromis. Cependant, une posture présidentielle en apparence moins impériale (pour reprendre le terme employé par A.Schlesinger dans son ouvrage The Imperial Presidency), conjuguée à des erreurs de communication à propos du programme de ses deux mandats, a facilité la tâche d’une opposition décidée à faire obstruction. L’échec de la nomination de Merrick Garland à la Cour suprême en 2016 illustre ces difficultés. Obama, dont les talents d’orateur l’aidèrent à remporter deux élections de suite avec une majorité du vote populaire, dut revoir ses ambitions à la baisse.Pour cerner les rapports de force, il conviendra de tenir compte des interlocuteurs du président, tant démocrates que républicains. Parmi les principaux acteurs de la période, on retiendra des conseillers et ministres influents de l’administration Obama(par exemple,Hillary Clinton,Rahm Emmanuel , Timothy Geithner, John Kerry, Jacob Lew, Susan Rice et Lawrence Summers),ainsi que les dirigeants de l’opposition, notamment John Boehner,John Mc Cain, Mitch McConnell, Mitt Romney et Paul Ryan. On tâchera d’examiner la présidence Obama à l’a une d’un ensemble de promesses, de mesures et de résultats, en s’attachant au positionnement idéologique et à la stratégie politique du candidat puis du président,ainsi qu’au contexte socio-culturel de la période concernée. Un tel examen appelle une étude multidimensionnelle,qui peut s’articuler autour de cinq enjeux principaux.
*L’économie *L’économie
-L’unedesquestionslesplusépineusesàlaquelleObamadutfairefacefutcelledel’économie.Àsonarrivéeaupouvoir,ilhéritad’unesituationdecriseéconomiqueextrêmementgrave,dontl’ampleur,lanatureetlesconséquences,tellesqueleslicenciementsetsaisiesdelogements(foreclosures),luivalurentlenomdeGrandeRécession,enéchoàlaGrandeDépressionquisuivitlekrachboursierde1929.Lesmesuresfiscales,monétairesetéconomiquesprisesparl’administrationObamapouryfairefacefurentconsidérables,etsiellesn’eurentpasleretentissementduNewDealdesannées1930,ellesaboutirentnéanmoinsausauvetagedel’industrieautomobileetdesbanques.En2009,leplanderelancedel’économie(AmericanRecoveryandReinvestmentAct)permitderéduirelechômage,tandisquelaloiDodd-Frankde2010visaitàmieuxrégulerlesystèmebancaire.Surcespoints,ilconviendradeprivilégierlaportéeidéologiqueetledébatpolitiqueautourdustimulusetdelapolitiquedesauvetagedesgrandesentreprisesplutôtquelesaspectspurementtechniquesdelapolitiqueéconomiquemenéeparl’administrationObama.+L’une des questions les plus épineuses à laquelle Obama dut faire face fut celledel’économie.Àsonarrivéeaupouvoir,ilhéritad’unesituationdecriseéconomiqueextrêmementgrave,dontl’ampleur,lanatureetlesconséquences,tellesqueleslicenciementsetsaisiesdelogements(foreclosures),luivalurentlenomdeGrandeRécession,enéchoàlaGrandeDépressionquisuivitlekrachboursierde1929.Lesmesuresfiscales,monétairesetéconomiquesprisesparl’administrationObamapouryfairefacefurentconsidérables,etsiellesn’eurentpasleretentissementduNewDealdesannées1930,ellesaboutirentnéanmoinsausauvetagedel’industrieautomobileetdesbanques.En2009,leplanderelancedel’économie(AmericanRecoveryandReinvestmentAct)permitderéduirelechômage,tandisquelaloiDodd-Frankde2010visaitàmieuxrégulerlesystèmebancaire.Surcespoints,ilconviendradeprivilégierlaportéeidéologiqueetledébatpolitiqueautourdustimulusetdelapolitiquedesauvetagedesgrandesentreprisesplutôtquelesaspectspurementtechniquesdelapolitiqueéconomiquemenéeparl’administrationObama.
*La politique sociale *La politique sociale
Ligne 22: Ligne 22:
*Le leadership moral *Le leadership moral
-La victoire d’Obama à l’élection présidentielle de 2008 eut unimpactimmédiatsurl’imagedesÉtats-Unis,ternieparl’invasiondel’Iraken2003.Lapromessederetirerlestroupesaméricainesd’IraketdefermerlaprisondeGuantanamolaissaitpenserqu’untermeseraitmisàcertainesdérivesdesnéoconservateurs,cequelecomitéNobelencourageaenattribuantleprixdelaPaixauprésidentaméricaindès2009.Ornonseulementlecentred’incarcérationdeGuantanamonefutpasfermé,maislenombredepersonnestuéesàl’étrangerpardesdronesdel’arméeaméricaine,horsdetoutcadrejuridiquereconnu,augmenta.En2013,l’affaireSnowdenmontraquel’Étataméricainsedotaitdemoyensdesurveillancecontrairesauxprincipesenvigueur.Demême,silediscoursdecampagnesurlanotionderace,prononcéàPhiladelphiele18mars2008,laissaitpenserquelasociétéétatsunienneavaitévoluésurlaquestionraciale,tendantversuneplusgrandeégalitérépublicaine,l’électionde2008futsuivieparuneaugmentationdesviolencespolicièrescontrelesNoirsetunepolarisationaccruedudébatpublic,avantquel’électionde2016neporteaupouvoiruncandidatdécidéàdétricoterlelegsdesonprédécesseur.Laparticipationélevéelorsdel’électionprésidentiellede2008reflètelesgrandsespoirssuscitéscheznombred’électeursparlacampagned’Obama.Cesespoirsfurentenpartiedéçuscar,contrairementàFranklinDelanoRooseveltouRonaldReaganparexemple,Obamaneparvintpasàtransformerlasociété.Auboutducompte,ilfutunprésidentgestionnaireetréformateur,plutôtquefondateur.Maisau-delàd’un bilan sansdoutemitigé,ils’agirad’étudierlecontextehistoriquedelaprésidenceObama,ainsiquesesenjeuxpolitiques,sociauxetéconomiques,avecladistancecritiquenécessairepourprendrelapleinemesuredeceshuitannéesdepouvoir.+La victoire d’Obama à l’élection présidentielle de 2008 eut un impact immédiat sur l’image des États Unis, ternie par l’invasion de l’Irak en 2003. La promesse de retirer les troupes américaines d’Irak et de fermer la prison de Guantanamo laissait penser qu’un terme serait misàcertainesdérivesdesnéoconservateurs,cequelecomitéNobelencourageaenattribuantleprixdelaPaixauprésidentaméricaindès2009.Ornonseulementlecentred’incarcérationdeGuantanamonefutpasfermé,maislenombredepersonnestuéesàl’étrangerpardesdronesdel’arméeaméricaine,horsdetoutcadrejuridiquereconnu,augmenta.En2013,l’affaireSnowdenmontraquel’Étataméricainsedotaitdemoyensdesurveillancecontrairesauxprincipesenvigueur.Demême,silediscoursdecampagnesurlanotionderace,prononcéàPhiladelphiele18mars2008,laissaitpenserquelasociétéétatsunienneavaitévoluésurlaquestionraciale,tendantversuneplusgrandeégalitérépublicaine,l’électionde2008futsuivieparuneaugmentationdesviolencespolicièrescontrelesNoirsetunepolarisationaccruedudébatpublic,avantquel’électionde2016neporteaupouvoiruncandidatdécidéàdétricoterlelegsdesonprédécesseur.Laparticipationélevéelorsdel’électionprésidentiellede2008reflètelesgrandsespoirssuscitéscheznombred’électeursparlacampagned’Obama.Cesespoirsfurentenpartiedéçuscar,contrairementàFranklinDelanoRooseveltouRonaldReaganparexemple,Obamaneparvintpasàtransformerlasociété.Auboutducompte,ilfutunprésidentgestionnaireetréformateur,plutôtquefondateur.Maisau-delàd’un bilan sansdoutemitigé,ils’agirad’étudierlecontextehistoriquedelaprésidenceObama,ainsiquesesenjeuxpolitiques,sociauxetéconomiques,avecladistancecritiquenécessairepourprendrelapleinemesuredeceshuitannéesdepouvoir.
=Bibliographies= =Bibliographies=

Version du 20 avril 2019 à 09:36

En cours de rédaction--




La présidence de Barack Obama fut inédite par la dimension symbolique de l’élection du premier président afro-américain à la Maison Blanche. Elle fut également controversée. Dans les rangs du Parti républicain et de la mouvance conservatrice , des soupçons furent exprimés quant à son penchant supposé pour le socialisme,sa religion ou son lieu de naissance, jetant ainsi le doute sur sa légitimité de chef de l’État ,puisqu’une personne née hors du territoire américain n’est pas éligible à la fonction présidentielle.À l’inverse, ses partisans virent en lui le sauveur d’une Amérique affaiblie moralement,diplomatiquement et économiquement lors de la présidence de George W. Bush(2001-2009), discréditée à leurs yeux par la «guerre contre la terreur» et une crise économique de premier plan. La campagne présidentielle de 2009 suscita ainsi l’espoir d’un grand changement chez les électeurs d’Obama, pour qui il incarnait la possibilité d’un renouvellement de la présidence, de l’État fédéral et de la société, ainsi que l’éventualité d’une amélioration du sort des minorités et d’une réduction des inégalités. Le degré de concrétisation de ces espoirs constitue l’un des critères à l’aune desquels un état de lieux de la présidence Obama peut être établi. D'autres paramètres pertinents sont également à prendre en compte, tels que la trajectoire personnelle et politique d’Obama, le contexte économique dont il hérita en 2009, ou encore la nature du système politique américain, caractérisé par une séparation des pouvoirs qui limite la marge de manœuvre du président.Les modalités d’action d’Obama évoluèrent en fonction de la composition politique du Congrès : s’il put s’appuyer initialement sur une majorité démocrate dans les deux chambres, il dut faire face à une majorité républicaine à la Chambre des représentants à partir des élections législatives de 2010,puis au Sénat à partir de 2014.En politique intérieure, comme en politique étrangère,les années Obama furent caractérisées par la recherche constante du compromis. Cependant, une posture présidentielle en apparence moins impériale (pour reprendre le terme employé par A.Schlesinger dans son ouvrage The Imperial Presidency), conjuguée à des erreurs de communication à propos du programme de ses deux mandats, a facilité la tâche d’une opposition décidée à faire obstruction. L’échec de la nomination de Merrick Garland à la Cour suprême en 2016 illustre ces difficultés. Obama, dont les talents d’orateur l’aidèrent à remporter deux élections de suite avec une majorité du vote populaire, dut revoir ses ambitions à la baisse.Pour cerner les rapports de force, il conviendra de tenir compte des interlocuteurs du président, tant démocrates que républicains. Parmi les principaux acteurs de la période, on retiendra des conseillers et ministres influents de l’administration Obama(par exemple,Hillary Clinton,Rahm Emmanuel , Timothy Geithner, John Kerry, Jacob Lew, Susan Rice et Lawrence Summers),ainsi que les dirigeants de l’opposition, notamment John Boehner,John Mc Cain, Mitch McConnell, Mitt Romney et Paul Ryan. On tâchera d’examiner la présidence Obama à l’a une d’un ensemble de promesses, de mesures et de résultats, en s’attachant au positionnement idéologique et à la stratégie politique du candidat puis du président,ainsi qu’au contexte socio-culturel de la période concernée. Un tel examen appelle une étude multidimensionnelle,qui peut s’articuler autour de cinq enjeux principaux.

  • L’économie

L’une des questions les plus épineuses à laquelle Obama dut faire face fut celledel’économie.Àsonarrivéeaupouvoir,ilhéritad’unesituationdecriseéconomiqueextrêmementgrave,dontl’ampleur,lanatureetlesconséquences,tellesqueleslicenciementsetsaisiesdelogements(foreclosures),luivalurentlenomdeGrandeRécession,enéchoàlaGrandeDépressionquisuivitlekrachboursierde1929.Lesmesuresfiscales,monétairesetéconomiquesprisesparl’administrationObamapouryfairefacefurentconsidérables,etsiellesn’eurentpasleretentissementduNewDealdesannées1930,ellesaboutirentnéanmoinsausauvetagedel’industrieautomobileetdesbanques.En2009,leplanderelancedel’économie(AmericanRecoveryandReinvestmentAct)permitderéduirelechômage,tandisquelaloiDodd-Frankde2010visaitàmieuxrégulerlesystèmebancaire.Surcespoints,ilconviendradeprivilégierlaportéeidéologiqueetledébatpolitiqueautourdustimulusetdelapolitiquedesauvetagedesgrandesentreprisesplutôtquelesaspectspurementtechniquesdelapolitiqueéconomiquemenéeparl’administrationObama.

  • La politique sociale

Lechampd’interventiondespouvoirspublicsétanttrèsvastedansledomainedelapolitiquesociale,ils’agirademettrel’accentsurlesmesurespolitiquesfortesouàportéesymbolique.Laréformedusystèmedesanté(Obamacare)demeurel’actionlaplusemblématiquedelaprésidenceObamaenmatièredepolitiquesociale.Lestergiversations,lesmaladressespolitiquesetl’oppositionfarouchedesconservateurs,démocratesautantquerépublicains,vidèrentletextedeloi(PatientProtectionandAffordableCareAct)d’unegrandepartiedesasubstance,témoignantainsideladifficultépolitiqueàréformerenprofondeurle systèmedesanté.Onpeutpenserque,malgrécetteréforme,lapolitiquesocialedel’administrationObamas’inscrivitdansladroitelignéedecelledesesprédécesseurs.Qu’ils’agissedel’enseignement,desFaith-BasedInitiativesoudel’aideauxplusdémunis,Obamasembleavoiroptépourlacontinuitéplutôtquepourlarupture.

  • La défense de l’environnement

Surcetenjeucommesurlesautres,ilfauttenircomptedublocagesystématiqueduCongrèsetdesincohérencesdelaMaison-Blanche.Lespromessesécologiquesd’Obama,esquisséesdanssacampagneélectoralede2008,enthousiasmèrentlesécologistes.Maistrèsvite,leschoixéconomiquesreléguèrentlaquestionenvironnementaleausecondplan.Obamasemblaitpenserquesaréélectionen2012dépendraitprincipalementdutauxdechômage,delacroissance,delacompétitivitééconomiqueetducompromisavecleCongrès,mêmesisondiscoursofficielcontinuaitàarticulertransitionénergétiqueetcroissanceéconomique.En2013,enrevanche,libérédufardeaudelaréélection,Obamadéclara:«sileCongrèsn’agitpas[enfaveurdel’environnement]pourprotégerlesgénérationsàvenir,moi,jeleferai»,annonçantundeuxièmemandatmarquépardesdécisionsimportantesenmatièreenvironnementale.Ennovembre2015,ilrejetaleprojetd’oléoducgéantKeystoneXLetannonçaleCleanPowerPlanconcernantlecharbon.Lasignature,ausiègedel’ONUàNewYorken2016,desaccordsdeParis(COP21)consacraObamacommeprésidentfavorableàl’écologie.MaislesobstaclesjuridiquesauxquelsleCleanPowerPlandutfaireface,tantdevantlaCoursuprêmequedevantlaCourd’appelfédérale,illustrentàlafoislacomplexitédusystèmepolitiqueaméricainetladifficultédeporterunjugementsurlapolitiquedel’administrationObamasanstenircomptedescontre-pouvoirs.

  • La politique étrangère

Lapolitiqueétrangèreaméricaineest estguidéepardesintérêtsinscritsdansladurée.L’oppositiond’ObamaàlaguerreenIraklaissaprésagerqu’enarrivantaupouvoir,ilallaitêtreconfrontéàl’inertieducomplexemilitaro-industriel.Siellefutréelle,leprésidentréussitpourtantàinfléchirlapolitiqueextérieuredesonpayssurdenombreusesquestions,notammentvis-à-visdel’IranetdeCuba.Maisàforcedevouloirsedémarquerdesonprédécesseuretéviterunedémarchedenatureidéologique,Obamasevitcritiquépoursonindécision,etparfoispoursonimprovisation.Auxyeuxd’unbonnombredeconservateurs,ilfaisaitfiguredefossoyeurdelapuissance,del’hégémonieetduleadershipaméricains.Lecadredoctrinaldelapolitiqueétrangèredel’administrationObamas’avèredifficileàdécoder,cequis’expliqueenpartieparl’échecdel’unilatéralismebushistedesannées2000etparlacomplexitéinhérenteàl’utilisationdusmartpowerprônéparObama.Lebilancomportedeséchecsindéniables.AprèslediscoursprometteurduCaireen2009,Washingtonneparvintpasàrésorberlafractureentrelemondemusulmanetl’Occident,niàfaireavancerlacausedelapaixauProche-Orient.Quantausoutienapportéàl’interventionmilitairefranco-britanniqueenLybieen2011,ilfutcontesté,toutcommelerefusd’intervenirenSyrieen2013malgrél’utilisationd’armeschimiquesparlerégimesyrien.

  • Le leadership moral

La victoire d’Obama à l’élection présidentielle de 2008 eut un impact immédiat sur l’image des États Unis, ternie par l’invasion de l’Irak en 2003. La promesse de retirer les troupes américaines d’Irak et de fermer la prison de Guantanamo laissait penser qu’un terme serait misàcertainesdérivesdesnéoconservateurs,cequelecomitéNobelencourageaenattribuantleprixdelaPaixauprésidentaméricaindès2009.Ornonseulementlecentred’incarcérationdeGuantanamonefutpasfermé,maislenombredepersonnestuéesàl’étrangerpardesdronesdel’arméeaméricaine,horsdetoutcadrejuridiquereconnu,augmenta.En2013,l’affaireSnowdenmontraquel’Étataméricainsedotaitdemoyensdesurveillancecontrairesauxprincipesenvigueur.Demême,silediscoursdecampagnesurlanotionderace,prononcéàPhiladelphiele18mars2008,laissaitpenserquelasociétéétatsunienneavaitévoluésurlaquestionraciale,tendantversuneplusgrandeégalitérépublicaine,l’électionde2008futsuivieparuneaugmentationdesviolencespolicièrescontrelesNoirsetunepolarisationaccruedudébatpublic,avantquel’électionde2016neporteaupouvoiruncandidatdécidéàdétricoterlelegsdesonprédécesseur.Laparticipationélevéelorsdel’électionprésidentiellede2008reflètelesgrandsespoirssuscitéscheznombred’électeursparlacampagned’Obama.Cesespoirsfurentenpartiedéçuscar,contrairementàFranklinDelanoRooseveltouRonaldReaganparexemple,Obamaneparvintpasàtransformerlasociété.Auboutducompte,ilfutunprésidentgestionnaireetréformateur,plutôtquefondateur.Maisau-delàd’un bilan sansdoutemitigé,ils’agirad’étudierlecontextehistoriquedelaprésidenceObama,ainsiquesesenjeuxpolitiques,sociauxetéconomiques,avecladistancecritiquenécessairepourprendrelapleinemesuredeceshuitannéesdepouvoir.

Bibliographies

Liens utiles

Une traduction du texte de cadrage est disponible pour les membres du forum.