Présidence de Barack Obama (2009-2017) (La)

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*La défense de l’environnement *La défense de l’environnement
-Surcetenjeucommesurlesautres,ilfauttenircomptedublocagesystématiqueduCongrèsetdesincohérencesdelaMaison-Blanche.Lespromessesécologiquesd’Obama,esquisséesdanssacampagneélectoralede2008,enthousiasmèrentlesécologistes.Maistrèsvite,leschoixéconomiquesreléguèrentlaquestionenvironnementaleausecondplan.Obamasemblaitpenserquesaréélectionen2012dépendraitprincipalementdutauxdechômage,delacroissance,delacompétitivitééconomiqueetducompromisavecleCongrès,mêmesisondiscoursofficielcontinuaitàarticulertransitionénergétiqueetcroissanceéconomique.En2013,enrevanche,libérédufardeaudelaréélection,Obamadéclara:«sileCongrèsn’agitpas[enfaveurdel’environnement]pourprotégerlesgénérationsàvenir,moi,jeleferai»,annonçantundeuxièmemandatmarquépardesdécisionsimportantesenmatièreenvironnementale.Ennovembre2015,ilrejetaleprojetd’oléoducgéantKeystoneXLetannonçaleCleanPowerPlanconcernantlecharbon.Lasignature,ausiègedel’ONUàNewYorken2016,desaccordsdeParis(COP21)consacraObamacommeprésidentfavorableàl’écologie.MaislesobstaclesjuridiquesauxquelsleCleanPowerPlandutfaireface,tantdevantlaCoursuprêmequedevantlaCourd’appelfédérale,illustrentàlafoislacomplexitédusystèmepolitiqueaméricainetladifficultédeporterunjugementsurlapolitiquedel’administrationObamasanstenircomptedescontre-pouvoirs.+Sur cet enjeu comme sur les autres, il faut tenir compte du blocage systématique du Congrès et des incohérences de la Maison-Blanche. Les promesses écologiques d’Obama, esquissées dans sa campagne électorale de 2008, enthousiasmèrent les écologistes. Mais très vite, les choix économiques reléguèrent la question environnementale au second plan. Obama semblait penser que sa réélection en 2012 dépendrait principalement du taux de chômage, de la croissance, de la compétitivité économique et du compromis avec le Congrès, même si son discours officiel continuait à articuler transition énergétique et croissance économique. En 2013, en revanche, libéré du fardeau de la réélection, Obama déclara : « si le Congrès n’agit pas [en faveur de l’environnement] pour protéger les générations à venir, moi, je le ferai » , annonçant un deuxième mandat marqué par des décisions importantes en matière environnementale. En novembre 2015, il rejeta le projet d’oléoduc géant Keystone XL et annonça le Clean Power Plan concernant le charbon. La signature , au siège de l’ONU à New York en 2016, des accords de Paris (COP21) consacra Obama comme président favorable à l’écologie. Mais les obstacles juridiques auxquels le Clean Power Plan dut faire face, tant devant la Cour suprême que devant la Cour d’appel fédérale, illustrent à la fois la complexité du système politique américain et la difficulté de porter un jugement sur la politique de l’administration Obama sans tenir compte des contre-pouvoirs.
*La politique étrangère *La politique étrangère

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En cours de rédaction--




La présidence de Barack Obama fut inédite par la dimension symbolique de l’élection du premier président afro-américain à la Maison Blanche. Elle fut également controversée. Dans les rangs du Parti républicain et de la mouvance conservatrice , des soupçons furent exprimés quant à son penchant supposé pour le socialisme,sa religion ou son lieu de naissance, jetant ainsi le doute sur sa légitimité de chef de l’État ,puisqu’une personne née hors du territoire américain n’est pas éligible à la fonction présidentielle.À l’inverse, ses partisans virent en lui le sauveur d’une Amérique affaiblie moralement,diplomatiquement et économiquement lors de la présidence de George W. Bush(2001-2009), discréditée à leurs yeux par la «guerre contre la terreur» et une crise économique de premier plan. La campagne présidentielle de 2009 suscita ainsi l’espoir d’un grand changement chez les électeurs d’Obama, pour qui il incarnait la possibilité d’un renouvellement de la présidence, de l’État fédéral et de la société, ainsi que l’éventualité d’une amélioration du sort des minorités et d’une réduction des inégalités. Le degré de concrétisation de ces espoirs constitue l’un des critères à l’aune desquels un état de lieux de la présidence Obama peut être établi. D'autres paramètres pertinents sont également à prendre en compte, tels que la trajectoire personnelle et politique d’Obama, le contexte économique dont il hérita en 2009, ou encore la nature du système politique américain, caractérisé par une séparation des pouvoirs qui limite la marge de manœuvre du président.Les modalités d’action d’Obama évoluèrent en fonction de la composition politique du Congrès : s’il put s’appuyer initialement sur une majorité démocrate dans les deux chambres, il dut faire face à une majorité républicaine à la Chambre des représentants à partir des élections législatives de 2010,puis au Sénat à partir de 2014.En politique intérieure, comme en politique étrangère,les années Obama furent caractérisées par la recherche constante du compromis. Cependant, une posture présidentielle en apparence moins impériale (pour reprendre le terme employé par A.Schlesinger dans son ouvrage The Imperial Presidency), conjuguée à des erreurs de communication à propos du programme de ses deux mandats, a facilité la tâche d’une opposition décidée à faire obstruction. L’échec de la nomination de Merrick Garland à la Cour suprême en 2016 illustre ces difficultés. Obama, dont les talents d’orateur l’aidèrent à remporter deux élections de suite avec une majorité du vote populaire, dut revoir ses ambitions à la baisse.Pour cerner les rapports de force, il conviendra de tenir compte des interlocuteurs du président, tant démocrates que républicains. Parmi les principaux acteurs de la période, on retiendra des conseillers et ministres influents de l’administration Obama(par exemple,Hillary Clinton,Rahm Emmanuel , Timothy Geithner, John Kerry, Jacob Lew, Susan Rice et Lawrence Summers),ainsi que les dirigeants de l’opposition, notamment John Boehner,John Mc Cain, Mitch McConnell, Mitt Romney et Paul Ryan. On tâchera d’examiner la présidence Obama à l’a une d’un ensemble de promesses, de mesures et de résultats, en s’attachant au positionnement idéologique et à la stratégie politique du candidat puis du président,ainsi qu’au contexte socio-culturel de la période concernée. Un tel examen appelle une étude multidimensionnelle,qui peut s’articuler autour de cinq enjeux principaux.

  • L’économie

L’une des questions les plus épineuses à laquelle Obama dut faire face fut celle de l’économie. À son arrivée au pouvoir,il hérita d’une situation de crise économique extrêmement grave, dont l’ampleur, la nature et les conséquences,telles que les licenciements et saisies de logements (foreclosures), lui valurent le nom de Grande Récession, en écho à la Grande Dépression qui suivit le krach boursier de 1929. Les mesures fiscales, monétaires et économiques prises par l’administration Obama pour y faire face furent considérables, et si elles n’eurent pas le retentissement du New Deal des années 1930 , elles aboutirent néanmoins au sauvetage de l’industrie automobile et des banques. En 2009,le plan de relance de l’économie (American Recovery and Reinvestment Act) permit de réduire le chômage, tandis que la loi Dodd-Frank de 2010 visait à mieux réguler le système bancaire. Sur ces points, il conviendra de privilégier la portée idéologique et le débat politique autour du stimulus et de la politique de sauvetage des grandes entreprises plutôt que les aspects purement techniques de la politique économique menée par l’administration Obama.

  • La politique sociale

Le champ d’intervention des pouvoirs publics étant très vaste dans le domaine de la politique sociale, il s’agira de mettre l’accent sur les mesures politiques fortes ou à portée symbolique. La réforme du système de santé (Obamacare) demeure l’action la plus emblématique de la présidence Obama en matière de politique sociale. Les tergiversations, les maladresses politiques et l’opposition farouche des conservateurs, démocrates autant que républicains, vidèrent le texte de loi (Patient Protection and Affordable Care Act) d’une grande partie de sa substance, témoignant ainsi de la difficulté politique à réformer en profondeur le système de santé. On peut penser que, malgré cette réforme, la politique sociale de l’administration Obama s’inscrivit dans la droite lignée de celle de ses prédécesseurs. Qu’il s’agisse de l’enseignement, des Faith-Based Initiatives ou de l’aide aux plus démunis, Obama semble avoir opté pour la continuité plutôt que pour la rupture.

  • La défense de l’environnement

Sur cet enjeu comme sur les autres, il faut tenir compte du blocage systématique du Congrès et des incohérences de la Maison-Blanche. Les promesses écologiques d’Obama, esquissées dans sa campagne électorale de 2008, enthousiasmèrent les écologistes. Mais très vite, les choix économiques reléguèrent la question environnementale au second plan. Obama semblait penser que sa réélection en 2012 dépendrait principalement du taux de chômage, de la croissance, de la compétitivité économique et du compromis avec le Congrès, même si son discours officiel continuait à articuler transition énergétique et croissance économique. En 2013, en revanche, libéré du fardeau de la réélection, Obama déclara : « si le Congrès n’agit pas [en faveur de l’environnement] pour protéger les générations à venir, moi, je le ferai » , annonçant un deuxième mandat marqué par des décisions importantes en matière environnementale. En novembre 2015, il rejeta le projet d’oléoduc géant Keystone XL et annonça le Clean Power Plan concernant le charbon. La signature , au siège de l’ONU à New York en 2016, des accords de Paris (COP21) consacra Obama comme président favorable à l’écologie. Mais les obstacles juridiques auxquels le Clean Power Plan dut faire face, tant devant la Cour suprême que devant la Cour d’appel fédérale, illustrent à la fois la complexité du système politique américain et la difficulté de porter un jugement sur la politique de l’administration Obama sans tenir compte des contre-pouvoirs.

  • La politique étrangère

Lapolitiqueétrangèreaméricaineest estguidéepardesintérêtsinscritsdansladurée.L’oppositiond’ObamaàlaguerreenIraklaissaprésagerqu’enarrivantaupouvoir,ilallaitêtreconfrontéàl’inertieducomplexemilitaro-industriel.Siellefutréelle,leprésidentréussitpourtantàinfléchirlapolitiqueextérieuredesonpayssurdenombreusesquestions,notammentvis-à-visdel’IranetdeCuba.Maisàforcedevouloirsedémarquerdesonprédécesseuretéviterunedémarchedenatureidéologique,Obamasevitcritiquépoursonindécision,etparfoispoursonimprovisation.Auxyeuxd’unbonnombredeconservateurs,ilfaisaitfiguredefossoyeurdelapuissance,del’hégémonieetduleadershipaméricains.Lecadredoctrinaldelapolitiqueétrangèredel’administrationObamas’avèredifficileàdécoder,cequis’expliqueenpartieparl’échecdel’unilatéralismebushistedesannées2000etparlacomplexitéinhérenteàl’utilisationdusmartpowerprônéparObama.Lebilancomportedeséchecsindéniables.AprèslediscoursprometteurduCaireen2009,Washingtonneparvintpasàrésorberlafractureentrelemondemusulmanetl’Occident,niàfaireavancerlacausedelapaixauProche-Orient.Quantausoutienapportéàl’interventionmilitairefranco-britanniqueenLybieen2011,ilfutcontesté,toutcommelerefusd’intervenirenSyrieen2013malgrél’utilisationd’armeschimiquesparlerégimesyrien.

  • Le leadership moral

La victoire d’Obama à l’élection présidentielle de 2008 eut un impact immédiat sur l’image des États Unis, ternie par l’invasion de l’Irak en 2003. La promesse de retirer les troupes américaines d’Irak et de fermer la prison de Guantanamo laissait penser qu’un terme serait misàcertainesdérivesdesnéoconservateurs,cequelecomitéNobelencourageaenattribuantleprixdelaPaixauprésidentaméricaindès2009.Ornonseulementlecentred’incarcérationdeGuantanamonefutpasfermé,maislenombredepersonnestuéesàl’étrangerpardesdronesdel’arméeaméricaine,horsdetoutcadrejuridiquereconnu,augmenta.En2013,l’affaireSnowdenmontraquel’Étataméricainsedotaitdemoyensdesurveillancecontrairesauxprincipesenvigueur.Demême,silediscoursdecampagnesurlanotionderace,prononcéàPhiladelphiele18mars2008,laissaitpenserquelasociétéétatsunienneavaitévoluésurlaquestionraciale,tendantversuneplusgrandeégalitérépublicaine,l’électionde2008futsuivieparuneaugmentationdesviolencespolicièrescontrelesNoirsetunepolarisationaccruedudébatpublic,avantquel’électionde2016neporteaupouvoiruncandidatdécidéàdétricoterlelegsdesonprédécesseur.Laparticipationélevéelorsdel’électionprésidentiellede2008reflètelesgrandsespoirssuscitéscheznombred’électeursparlacampagned’Obama.Cesespoirsfurentenpartiedéçuscar,contrairementàFranklinDelanoRooseveltouRonaldReaganparexemple,Obamaneparvintpasàtransformerlasociété.Auboutducompte,ilfutunprésidentgestionnaireetréformateur,plutôtquefondateur.Maisau-delàd’un bilan sansdoutemitigé,ils’agirad’étudierlecontextehistoriquedelaprésidenceObama,ainsiquesesenjeuxpolitiques,sociauxetéconomiques,avecladistancecritiquenécessairepourprendrelapleinemesuredeceshuitannéesdepouvoir.

Bibliographies

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