Royaume-Uni à l'épreuve de la crise, 1970-1979 (Le)

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Texte de cadrage

  • Les années 1970 au Royaume-Uni sont souvent décrites comme une période de crise politique, sociale et économique, qui scella la fin du consensus de l’après-guerre et favorisa l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en 1979. La décennie fut en effet marquée par de graves difficultés économiques, accentuées

par une conjoncture internationale difficile et des mouvements sociaux de grande ampleur, qui contraignirent «l’homme malade de l’Europe » à recourir au Fonds monétaire international. Mais si les années 1970 sont associées pour nombre de Britanniques à des années de crise, le bilan historique s’avère plus contrasté, et avec la poursuite des politiques sociales engagées dans les années 1960, les avancées furent nombreuses dans ce domaine. D’ailleurs, le groupe de réflexion New Economics Foundation publia un rapport en 2004, selon lequel l’année 1976 avait été l’année de l’après-guerre la plus agréable à vivre en Grande-Bretagne. L’historiographie récente souligne aussi d’importants changements culturels, évoquant l’âge d’or de la télévision britannique, de la fiction populaire, et de la musique punk rock. Cette décennie semble donc plus complexe et ambiguë qu’il n’y paraît à première vue, appelant une réflexion sur les idées de continuité et de rupture, ainsi que sur la thèse de l’obsolescence du consensus de l’après-guerre. Il s’agira notamment d’identifier la nature et la portée des crises que traversa le Royaume-Uni, et d’évaluer les réponses apportées par les gouvernements conservateurs et travaillistes pour enrayer un déclin, sinon un déclassement national.

  • Les conservateurs gagnèrent les élections de 1970 avec un programme de rupture économique (A Better Tomorrow), promettant la croissance grâce à la mise en oeuvre de politiques nouvelles. Pourtant, le Premier ministre Edward Heath fut rapidement contraint de faire volte-face, en volant au secours d’entreprises en difficulté, malgré l’Industrial Relations Act de 1971, ou en revenant à la pratique de la planification et de la politique des revenus. Les grèves de 1972-1974, les coupures de courant et l’instauration de la semaine de trois jours, furent en partie à l’origine de l’alternance gouvernementale en février 1974, et contribuèrent au climat de crise. Les travaillistes n’eurent guère plus de succès dans leur stratégie d’apaisement des syndicats et la mise en place d’un contrat social pour maîtriser les dépenses et modérer les salaires. Ces événements fournissent un éclairage intéressant sur le renouveau d’un militantisme syndical, notamment avec le NUM (National Union of Mineworkers) et Arthur Scargill. Le choc pétrolier et la stagflation limitèrent l’efficacité des politiques keynésiennes, tandis que le FMI, sollicité pour un prêt en 1976, exigea en contrepartie des mesures de nature néo-libérale qui, si elles furent acceptées par les travaillistes, ne permirent pas pour autant de moderniser l’appareil productif. Par ailleurs, il s’agira d’expliquer dans quelle mesure le fossé Nord-Sud se creusa dans un contexte de déclin des industries traditionnelles et de tertiarisation de l’économie. Ce sentiment de polarisation géographique sera intégré à