Schisme d'Henri VIII (Le)

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Question de civilisation au programme de l'agrégation externe 2005 et 2006.

Texte de cadrage

C'est peu de dire que le schisme dont Henri VIII prit l'initiative eut des conséquences historiques décisives pour l'Angleterre et pour ce qui allait devenir le monde anglophone. Dû apparemment à des causes d'ordre privé, l'événement découvrit rapidement les enjeux multiples dont il était porteur et qui allaient bien au-delà d'une simple question conjugale : enjeux religieux, certes, mais aussi politiques, juridiques, diplomatiques et culturels. Ce sont la monarchie, la société et la nation anglaises qui sortirent transformées de cet épisode. Le rapport de l'Angleterre à l'Europe en fut affecté de manière profonde et durable. La dimension biographique du sujet n'est pas dépourvue d'intérêt eu égard à la personnalité du monarque, à la durée et à la richesse de son règne. Les aspects dynastiques méritent également d'être pris en compte. On saisira mieux les causes et les effets du schisme en considérant :

  • l'arrière-plan religieux. Il faut entendre par là les signes annonciateurs de la Réforme au Moyen Âge (enseignements de Wyclif et mouvement lollard) ; la situation et la place de l'Église en Angleterre au début du XVIe siècle ; la propagation des idées protestantes dans le pays, ardemment combattue par le "Défenseur de la Foi" Henri VIII mais qui facilita la mise en oeuvre de sa politique.
  • le processus et les étapes du schisme. Il conviendra d'examiner les formes que prit la séparation de Rome : négociations avec le pape au sujet du divorce, actes de suprématie, dissolution des monastères, confiscations de terres et de biens d'Église, avec les conséquences socioéconomiques à long terme qu'entraînèrent ces dernières mesures.
  • la signification théologico-politique de l'événement. Le schisme se déroula sur un horizon européen marqué par le modèle de la monarchie de droit divin. Il traduisit la diffusion, dans le contexte anglais, d'un césaro-papisme auquel la Réforme d'inspiration luthérienne contribua notablement sur le continent.
  • la dimension politico-juridique. Fruit d'une dynamique de pouvoirs complexe associant un souverain tout-puissant et un Parlement docile mais doté de compétences bien réelles, la séparation accusa le caractère absolutiste de la monarchie en même temps qu'elle consacra la montée en puissance de l'institution parlementaire. Elle conféra à la "Constitution Tudor" une large part de ses caractères propres. Il n'est pas illégitime de dire qu'elle créa les conditions des conflits qui devaient éclater au XVIIe siècle.
  • le contexte culturel. Les décisions d'Henri VIII font sens dans la mesure où on les rapporte à un climat où dominent, à la fois, les préoccupations humanistes et l'affirmation de l'identité nationale. Quoi qu'il en fût de la volonté du souverain sur ce point, les premières traductions de la Bible dans la langue vernaculaire fournissent une illustration majeure de cette affirmation. Chantre de l'obéissance passive au prince et, simultanément, traducteur - martyr de l'Écriture Sainte, William Tyndale est le champion d'une culture purifiée des modes de pensée et d'expression scolastiques. Paradoxalement, l'humanisme auquel on peut l'associer trouve aussi certains de ses représentants les plus éminents chez les martyrs catholiques comme Thomas More.
  • Il sera important de parvenir à une interprétation nuancée de cet ensemble de données historiques. À cette fin, on examinera les réactions populaires à la politique religieuse henricienne, l'attitude du clergé, les résistances à la séparation. On s'interrogera sur les limites de cette phase initiale de la Réforme anglaise. À la mort d'Henri VIII, l'Église d'Angleterre est-elle irrémédiablement séparée de Rome ? Schismatique, peut-elle être décrite comme protestante? Sa doctrine officielle est encore catholique (voir l'Acte des Six Articles), comme ses structures internes. L'expérience de la restauration tentée par Marie Tudor semblerait indiquer que l'éloignement de Rome n'était pas irréversible. Pourtant, la vigueur du courant gagné aux idées de la Réforme, chez les clercs comme chez les laïcs, sera attestée par les exilés mariens et par la rapidité des transformations opérées, sous leur impulsion, au temps d'Édouard VI et d'Élisabeth. Un bref regard sur le règne des enfants d'Henri VIII tend à confirmer que le schisme fut bien l'épisode central du siècle et qu'il conditionna l'histoire ultérieure de l'Angleterre.

Bibliographie

Liens Utiles

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