Nouvelles Technologies
et Éducation en Guadeloupe


Interview de Jean Sahaï
Professeur d'anglais

à l'occasion du
Salon COM'97


Jean Sahai, vous êtes Professeur en Lycée Professionnel. Connecté à Internet depuis un déjà un an, vous croyez au bien fondé de l'utilisation des nouvelles technologies dans l'enseignement des langues. Vous avez créé une Page web de belle présentation autour du thème de l'Agrégation d'anglais.

Comment définissez-vous le Web, et Internet ?

"Web" signifie toile, de spider web, toile d'araignée. Le World Wide Web, cette toile d'araignée cybernétique mondiale, est constituée de millions d'ordinateurs reliés entre eux, où qu'ils soient sur la planète ! Je compare aussi le phénomène à un arbre avec des milliers de branches, portant chacune des fruits avec des graines, qui à leur tour...

Le Web permet donc de circuler sur le réseau Internet...
Oui. Grâce au protocole de transfert hypertexte, chacun peut recevoir ou poster des informations, accéder rapidement à des données actualisées sur tous les sujets, et y ajouter ses propres connaissances. Le visiteur navigue sur ce vaste ensemble mondial journellement mis à jour. En cliquant sur un mot ou groupe de mots comme Teresa, pédagogie ou zouk, on est transporté vers des pages traitant du sujet qui à leur tout lui proposeront des liens directs vers d'autres pages... Internet existe depuis les années 60, mais ne concernait pas le grand public. Grâce au Web, c'est aujourd'hui la plus vaste source d'information sur tout. De chez soi, d'une école ou un lycée, on accède à mille fois plus de ressources que dans toutes les bibliothèques du monde réunies!

Quelles sont les autres possibilités d'Internet à l'heure actuelle ?
Les "moteurs de recherche" comme Yahoo, Lycos, Horbot..permettent à l'usager d'accéder rapidement à partir de mots-clés à l'information sur un sujet précis, dans une langue donnée.

Les systèmes FTP ou Gopher permettent d'accéder à des archives situées n'importe où dans le monde, dans les universités par exemple. Les systèmes IRC, MUD, MOO, permettent de communiquer par écrit en temps réel sur Internet, un bon moyen de développer la pratique de la "conversation" dans une langue étrangère. Il y a aussi les possibilités d'audio ou de vidéo-conférence.

On peut s'inscrire à de groupes de discussion où des messages sont distribués à tous les abonnés. Certains de ces groupes sont très utiles pour avoir des informations sur un pays, l'enseignement ou l'évolution d'une langue, d'un projet, rencontrer des professionnels, préparer des thèses ou des mémoires, demander conseil, participer à des discussions...

A qui est-on relié, d'où viennent toutes ces informations
?
Tout le monde peut y met du sien. Internet est une Méga Bibliothèque d'Alexandrie répartie dans le monde entier, accessible depuis n'importe quel point du globe. On trouve également sur Internet une quantité impressionante de dictionnaires et de matériaux de référence de toute sorte, il est possinle de télécharger du texte, des tableaux, des images, du son qui peuvent servir à des fins pédagogiques dans toutes les disciplines. L'accès à des documents réels, actuels et authentiques, plutôt que des textes de manuel artificiellement créés pour des élèves, est bénéfique aussi bien pour ces derniers que pour l'enseignant: il peut enfin se renouveler continuellement.

C'est une manne pour les enseignants!
Internet permet l'apprentissage individualisé. Internet représente une véritable motivation pour l'étudiant. Internet permet la communication authentique, et c'est une ressource inépuisable. Le courrier électronique permet une communication à la fois globale et immédiate, il donne aux étudiants l'occasion de redécouvrir le plaisir de l'écriture, qu'il s'agisse de l'écriture épistolaire alors que l'étudiant entre en contact avec d'autres jeunes de son âge, ou encore de projets d'écriture rattachés à une activité académique prévue par l'enseignant.

Avez-vous des exemples précis de ces utilisations d'Internet ?
Le jour où la Soufrière de Montserrat nous arrose de cendres à la Guadeloupe, il est possible de visiter un site sur la question avec les élèves, d'imprimer un document, d'en faire une interprétation linguistique ou pluri-disciplinaire... Grâce au courrier électronique (e-mail), un enseignant de Pointe-à-Pitre pose une question à un collègue de Metz avant de se coucher. Il trouve la réponse au réveil avant de partir au Lycée - en même temps que le texte chanté la veille à Londres par Elton John, complété par quelques pistes pédagogiques rapidement tracées par une collègue de Jérusalem, et mises à la disposition de tous. Les élèves posent des questions à des spécialistes en Biologie ou en Sciences de la Terre, et reçoivent des réponses dans la boîte aux lettres électronique de leur établissement. Il est arrivé que des élèves entrent ainsi en contact avec des Prix Nobel... C'est une dimension bien élargie pour l'enseignant et ses élèves...

Tout le monde a-t-il accès à Internet ? C'est cher ?
L'équipement est simple: un ordinateur et un modem relié par voie téléphonique au réseau local, c'est tout. Un abonnement mensuel de 80 à 100 francs, plus la liaison téléphonique avec le fournisseur d'accès en Guadeloupe même, peu importe que vous consultiez des sites situés en Australie, au Japon, ou à la Dominique... Internet sera disponible dans les établissements scolaires. France-Telecom annonce une baisse du coût des communications pour les internautes, mais de 22h à 8h du matin...

Internet ne risque-t-il pas de favoriser au niveau mondial l'utilisation de l'anglais, au détriment de la langue française ?
La langue anglaise est devenue la langue de la communication mondiale, c'est un fait. Non pas que l'anglais soit meilleur, mais c'est le résultat de la "vitesse de frappe" des américains... Cela pose bien sûr le problème de leur hégémonie... Chaque langue se doit de défendre son patrimoine, surtout par l'usage, par une présence dynamique sur Internet. Il existe des sites consacrés à la défense du français, celui de l'AUPELF est mondialement connu. Pour celui qui ne comprend pas l'anglais, les sites en français sont maintenant légion. Si on arrive à utiliser une autre langue, c'est un atout supplémentaire. Ainsi on gagne sur deux tableaux. Apprendre l'anglais ne peut pas faire de mal, il y a un intérêt certain à maîtriser le bilinguisme. Et si nous sommes en train de nous ouvrir à notre environnement le plus naturel, la CaraÏbe, cette évolution devient incontournable. Mais il est impératif que toutes les langues soient préservées, qu'elles soient représentées sur Internet - c'est un patrimoine universel.

La Page Internet d'Anglais que vous avez créée frappe par sa qualité. Vous n'avez pas lésiné sur la quantité des informations, la présentation. Comment y êtes-vous parvenu ?
Je dois beaucoup à mon fils Karim, professionnel de la création d'images... Vu le potentiel des nouvelles technologies, il ne comprenait pas qu'elles restent ignorées de tant d'enseignants. Il m'a incité à me servir d'un ordinateur, initié au fonctionnement du Macintosh... Quand je me suis intéressé à l'agrégation il m'a offert l'abonnement à Internet, en me disant que c'était la meilleure source ... Je n'y croyais pas trop, mais sidéré par la richesse des informations disponibles, j'ai eu l'idée de créer une Page pour en faire profiter les collègues. Il m'a aidé à démarrer puis laissé me débrouiller! C'est ainsi qu'est née la Page d'Agrégation d'Anglais en Décembre 96, elle s'est régulièrement enrichie et mise à jour depuis. Cela m'a demandé bien sûr énormément de temps.

A qui ce travail est-il destiné ?
C'est un espace de réflexion approfondie sur les les enjeux du bilinguisme, et sur la fonction de professeur de langue seconde, dans le contexte actuel. Il s'adresse aux chercheurs et candidats aux Agrégations, CAPES et PLP2, et aussi à tous ceux qui étudient, enseignent, ou s'intéressent à l'anglais.

Quelle a été votre motivation ?
Une double constatation: d'abord, le besoin pour l'enseignant et linguiste de rester à jour, un désir de maîtriser l'outil Internet par une réalisation pratique; ensuite, le fait que les candidats aux concours de recrutement sont des enseignants qui assument leurs obligations professionnelles et n'ont pas les moyens, ni le temps, d'une vraie préparation. À l'agrégation interne, on note sur le plan national une chute régulière ces dernières années - 53 admis en 1997 pour 1200 inscrits, et pour la Guadeloupe pas d'admis depuis 1993. Internet est un moyen tout désigné pour aider à pallier à cette lacune de moyens de formation.

Avez-vous trouvé beaucoup de ressources sur le sujet ?
J'ai trouvé et réuni "sous un seul toit", une masse considérable d'articles, de matériaux, de liens, directement en rapport avec chaque aspect de l'Agrégation Interne d'Anglais. Il y a aussi une mine de ressources pratiques pour la pédagogie et la didactique de l'anglais, la linguistique, la traduction, l'usage des nouvelles technologies, l'interdisciplinarité... D'autre part les procédures de passage du concours d'Agrégation sont abordées, la parole est donnée à tous les acteurs : lauréats des années précédentes, candidats, professeurs... Des visiteurs, de France, USA et autres pays, se sont exprimé. Internet permet une formidable convivialité qui permet d'ouvrir l'éducation sur le monde réel. Spécialistes et novices mettent librement à disposition des autres leurs connaissances, leurs compétences, Internet c'est un vivier inimaginable de connaissance...

Le domaine de l'enseignement des langues semble particulièrement ciblé
...
Évidemment, puisqu'Internet est le paradis de la communication, de la communication internationale en particulier. Internet permet aussi de pratiquer l'interdisciplinarité, de décloisonner l'enseignement par disciplines.

En avez-vous parlé à vos collègues, aux associations d'enseignants ?
Bien sûr, j'en ai parlé aux collègues de mon lycée, je l'ai fait savoir à l'association de Professeurs d'anglais, ainsi qu'aux services concernés du Rectorat... Les réactions prennent le temps nécessaires... La Région ausi a été informée, comme vous le savez, la Présidente souhaite vivement que les établissements scolaires soient connectés. Peu à peu tout le monde réalise le potentiel d'Internet pour l'éducation. Cela demande bien sûr une ouverture, de la formation, une flexibilité nouvelle aussi. C'est une évolution inévitable.

On trouve le meilleur comme le pire sur Internet, cela peut freiner les gens ?
Tout dépend de ce qu'on cherche. Condamne-t-on le Minitel, les libraires, interdit-on la rue ?... "La pudeur est d'abord dans l'’il des impurs", disait Khalil Gibran. Le rôle des éducateurs, plus que jamais, est de montrer aux élèves les valeurs les plus belles et d'enseigner le discernement, plutôt que de jouer à cache-cache avec une réalité qui est partout présente.

En ce qui concerne le risque que les étudiants accèdent à des informations inappropriées, les solutions sont d'une part techniques. D'autre la mise en place de règles de conduite à faire accepter et respecter par tous. Il en a toujours été ainsi pour l'utilisation de tout outil à double tranchant, depuis l'invention de la hache de pierre!

Allez-vous continuer votre Page ?
J'ai réalisé ce travail d'abord par passion, comme un enfant qui découvre une merveille et n'est pas déçu - et donc sur mon temps libre et avec mes économies. L'expérience m'a énormément appris, sur le plan de la technologie Internet, mais aussi des relations dans le cybermonde, des rapports dédramatisés, sans protocole lourd, entre personnes, enseignants de divers pays, par exemple. Bien sûr, le coût des communications téléphoniques nécessaires à toutes ces recherches a représenté un gros effort, même s'il s'agit de communications locales. J'accueille avec grand soulagement les nouveaux tarifs de France-Télecom pour les internautes ! Je souhaite aussi pouvoir partager avec les collègues intéressés l'expérience ainsi acquise.

Pensez vous qu'Internet soit utile pour l'école, pour l'éducation des enfants ?
Internet permet l'apprentissage individualisé, une véritable motivation pour l'étudiant, la communication authentique. C'est une ressource quasi inépuisable. Le courrier électronique permet une communication à la fois globale et immédiate, et redonne aux étudiants l'occasion de redécouvrir le plaisir de l'écriture, qu'il s'agisse de l'écriture épistolaire, par laquelle l'étudiant entre en contact avec d'autres jeunes de son âge, ou de projets d'écriture rattachés à une activité prévue par l'enseignant dans le cadre de telle ou telle discipline ou projet. Internet est une révolution dans l'enseignement, c'est indéniable. Les technologies nouvelles permettent l'accès à plus d'informations, et provoquent une évolution des schémas d'apprentissage... Elles vont rapidement remettre en question un grand ombre de procédures pédagogiques.

Internet est donc une nouvelle façon d'apprendre
?
Si nous observons et comparons les mécanismes d'apprentissage de l'adulte et celui de l'enfant, l'adulte cherche à retrouver dans ce qui est nouveau l'ordre ancien auquel la société l'a habitué dans tous les processus de contact avec la culture - un ordre chronologique ou séquentiel, normatif, et conçu par un "responsable". De par sa formation traditionnelle, l'adulte éprouve avec l'âge une difficulté croissante à intégrer ce qui est nouveau.

Einstein disait "Le jeu est le niveau le plus élevé de la recherche"... La démarche naturelle, aléatoire, de l'enfant va dans le même sens que les technologies nouvelles : il découvre le monde de façon plus plus globale, plus personnelle, et plus efficace! À tout moment ses pas, ses sens ouverts, le mènent là où va sa curiosité - un stimulus génère une idée, laquelle entraîne une vérification, laquelle génère une autre idée... Tout en zappant, en naviguant ou en surfant tous azimuts, il arrive à reconstituer chaque ensemble à partir de fragments, et à l'ntégrer de façon originale.

Il s'agit là d'une extraordinaire capacité naturelle de l'être humain, bien plus intelligente et riche que la méthode linéaire, séquentielle, fléchée, et donc limitante, utilisée par l'adulte.L'accès pluriel et direct à la connaissance est un processus expérimental qui permet de ratisser large, d'apprendre le maximum de choses dans un minimum de temps, et qui préserve la personnalité de celui qui s'informe. Y faire appel est une libération bénéfique qui réconcilie individu et apprentissage.

Cela changera l'attitude et le rôle de l'enseignant...
On ne peut plus expliquer le monde d'aujourd'hui avec les outils et les raisonnements d'hier. Avec les dictionnaires et encyclopédies hypermédia sur CD-ROM, le temps des érudits aux têtes pleines est passé. Il n'est plus question de demander à l'adulte d'aujourd'hui d'emmagasiner tout le savoir disponible, comme au temps de Jules Ferry. Le rôle de l'enseignant a évolueé. Il est d'aiguiller et de superviser ces recherches, d'enseigner des savoir-faire, des méthodologies däaccès à des informations complexes, de gestion et d'organisation des connaissances. Le travail de recherche que l'enseignant fait seul en aval de son cours peut maintenant être fait avec l'élève - rechercher le texte d'une chanson par exemple, ou trouver de la documentation sur un personnage...

Avec Internet, l'enseignant peut mieux expliquer à ses élèves le monde qui les entoure. Avant, l'enseignant était celui qui a des certitudes, qui impose un travail dont la solution est fixée à l'avance en au détail près. Maintenant, il doit accompagner l'apprenant dans sa recherche, l'aider à acquérir la culture technologique indispensable, pour tirer pleinement parti des nouveaux modes de communication, et évoluer. Chose nouvelle, cette interactivité et cette convivialité dans la recherche font évoluer l'enseignant aussi - il réapprend à apprendre comme l'enfant.

Il doit faire de l'élève un bon usager des technologies nouvelles.
Entre autres,mais ce n'est pas le but. Le savoir est instantanément accessible et le stocker massivement dans la mémoire de l'élève n'est plus le but premier de läapprentissage. L'énergie intellectuelle peut donc aller aux vraies tâches - classer, intégrer, réfléchir, apprendre à gérer l'abondance d'informations disponibles, à choisir des parcours pertinents dans des documents électroniques. L'apprenant doit être capable de prendre du recul par rapport à l'information, de réaliser un processus d'abstraction, sinon il subira la masse d'information sans pouvoir l'utiliser pour évoluer.

L'enseignant va entraîner l'élève à décrire d'abord qu'ils cherche, à bien poser ses questions. Puis il lui apprendra à mener sa rechercher, à à circuler sur le réseau pour trouver ses informations. Enfin, le plus important sera le traitement de ces informations, leur confrontation avec le passé de l'individu. C'est l'alchimie interne qui mue le savoir en connaissance et en évolution.de consulter textes, graphiques, sons, vidéos...

Comme le dit Bernard Moro, Professeur d'anglais, "Les élèves ont sous les yeux, à portée de clavier, une véritable caverne d'Ali-Baba où toutes sortes de choses textes, images, sons, passerelles logiques entre les uns et les autres sommeillent en attendant d'être activées ou récupérées. Laissons-les partir à l'aventure, en définissant clairement les modes de fonctionnement : ils doivent en particulier savoir à tout moment où ils sont et par où ils sont passés pour y parvenir."

Votre propre lycée est-il déjà équipé pour les nouvelles technologies ?...
Cela vient ... L'an dernier nous avons obtenu l'achat d'un CD-ROM. La ligne téléphonique a été posée avant les vacances. Depuis le 2 Octobre on a les ordinateurs et la connection. Les choses bougent ! Mais pour en profiter c'est tout de suite qu'il faut commencer l'intéressement et la formation des enseignants...

Vous avez dédié votre site à votre Proviseur...
Oui, à Mr Emilien Garay parti à la retraite, un pionnier de l'enseignement technique. J'ai fait carrière en Lycée Professionnel. On y apprend beaucoup sur soi, on se surpasse aussi dans le contact avec ces élèves.

Internet devrait permettre de remotiver les élèves en difficulté.
L'outil Internet est d'une richesse fabuleuse pour l'enseignement professionnel ou technique, dans toutes les disciplines, qu'il soit tertiare ou industriel. Il est captivant pour les élèves, générateur de créativité... Si je montre à mes élèves comment créer une page web où ils pourront parler d'eux, de leur établissement, de leurs travaux, de leur environnement, ils seront très intéressés. Elle sera publiée sur le réseau, les correspondances arriveront du monde entier - ils élargiront leurs horizons, ils se feront des amis partout, aborderont des thèmes nouveaux, s'exprimernt mieux, verront l'intérêt d'une langue étrangère... En même temps les enseignants pourront échanger des idées avec des collègues de l'extérieur, mettent au point des projets, les réaliser...

Internet va-il de leur redonner le goût des études
?
Y contribuer, certainement, et les statistiques le prouvent déjà aux Etats-Unis. Les technologies de l'information qui privilégient l'accès direct peuvent révéler des talents chez des apprenants au profil jusque là écartés par l'ancien système de transmission du savoir.

L'élève et son Professeur accèdent en même temps à l'information, et en temps réel. L'élève apprend à faire ses propres recherches, ce qui sur le Net est autrement passionnant que parmi les rayons d'une bibliothèque de CDI. En Histoire, Géographie, en Économie en Biologie, en Arts Plastiques, Industries du Bois, du Bâtiment, Mécanique, on a accès à des données actualisées, dans diverses langues, et la possibilité de poser des questions. Il est arrivé que des élèves aient la surprise de contacter un Chef Indien d'Amérique, ou Ophelia à la Dominique!

Comme le dit Mr Bernard Moro, "le hasard de l'exploration gratuite peut les conduire vers des zones intéressantes, qu'ils n'auraient sans doute pas découvertes lors d'une recherche par objectifs - c'est le concept de Üserendipity¹ (d'après un conte perse où les héros explorent un pays imaginaire nommé Serendip) cher aux anglo-saxons, c'est-à-dire la faculté de faire accidentellement des trouvailles inattendues ou heureuses."

Les gens qui sont à l'autre bout sont bien réels !
Paradoxe de la réalité virtuelle! Quoi de mieux pour développer la communication et abolir les frontières, préparer un séjour linguistique à l'étranger, par exemple. Le World Wide Web et l'Internet sont une puissante source de motivation et d'apprentissage des langues, mais aussi de toutes les disciplines, la biologie, la littérature, l'art...

Peu de professeurs sont connectés au "réseau des réseaux", pourquoi ?
Cela vient avec le temps.Les enseignants sont en général des gens qui réfléchissent longuement et s'organisent avant de franchir tout pas important. Il leur faut d'abord voir. Puis s'organiser, apprendre à se servir de l'ordinateur, ou avoir fini de payer la maison, la voiture...

Beaucoup pensent encore qu'Internet est nouveau, n'a pas fait ses preuves, que c'est un gadget... D'autres attendent de l'autorité de tutelle la formation, les stages, les équipements, le temps, la motivation... Il y a ausi cette crainte de l'inconnu.

Les vrais défis sont la formation des enseignants, et des étudiants, à l'intégration de l'outil technologique à l'enseignement, à l'évaluation de son efficacité, à la reconnaissance de ses limites. Pour le moment ces activités sont surtout centrées sur la lecture et l'écriture, et le maître devra définir quel temps leur consacrer. Parfois aussi, c'est le livre qui fera le mieux l'affaire!

La formation technique de base est simple à acquérir. Pour maîtriser la formation pédagogique, il faudra plus de réflexion, du temps, de l'expérience, et donc un peu de recul.

On a l'impression que c'est plus facile pour les enfants. Comment l'expliquer ?
Les nouvelles technologies sont ouvertes vers l'extérieur, au monde entier. Cela convient aux jeunes, parce qu'ils n'ont pas encore peur, ils ne sont pas bloqués comme les adultes, ils adorent le changement... Les enfant vivent pleinement la fonction qui consiste à apprendre, apprendre vite. Ils sont éveillés à ce qui bouge, et l'école les ennuie quand elle n'est plus de son temps ! Beaucoup de parents et d'enseignants ne supportent pas l'idée qu'un enfant ou un élève puisse leur montrer "comment ça marche". C'est un tort. C'est grâce à mon fils que j'ai osé, il m'a poussé, il m'a montré l'intérêt de franchir le pas, il m'a "coaché". Je ne regrette pas de l'avoir écouté - lui non plus!

Et ceux qui pensent qu'il faut être un "crack" en informatique...
L'informatique est entrée dans les m’urs, mais il n'est pas toujours facile aux gens qui ont passé l'âge des études, qui ont déjà une certaine routine de vie, des habitudes, des obligations, de faire le saut. Aujourd'hui l'ordinateur a remplacé la plume, et même ceux qui adorent aussi écrire à la main, les poètes, reconnaissent le gain de temps, la souplesse de travail, l'élargissement qu'il apporte, passée la période de rôdage. Quand on a pris l'habitude d'aller à pied on ne sait pas tout l'intérêt d'avoir sa voiture. Mais pas besoin d'être analyste ou programmateur pour utiliser l'ordinateur et Internet à des fins didactiques.

Il y a des mythes, des blocages chez les adultes, vis à vis d'Internet ?
La peur est l'obstacle, la peur de ne pas y arriver, par exemple. Après, il y a les prétextes, les préjugés, les esprits chagrins parfois : Internet est un gadget passager, c'est cher... Cette diffusion libre des idées, des choses pernicieuses, est dangereuse - et Internet sert surtout à cela... Ou on s'imagine que celui qui est devant son ordinateur est en train de jouer, de faire des "games": ça ne fait pas sérieux - passer de longues heures à écrire à la main, ça c'est travailler dur !

Ceci dit, ceux d'entre nous qui utilisons Internet depuis un moment sommes conscients de questions essentielles qui n'ont pas encore de réponse. Celle de la fiabilité, de la qualité, du sérieux des données, par exemple... Faut-il une autorité de surveillance, ou apprendre à chacun à se réguler ? Internet est-ce un fourre-tout ?

La question pécuniaire aussi - voit-on un smicard surfant des heures ?... Internet reste un privilège des pays riches, et le fossé risque de s'élargir encore davantage entre ceux qui seront à la pointe, et
ceux qui pourront suivre tant bien que mal, des millions de laissés pour compte de par le monde...
Quant à la question de l'hégémonie américaine "à la romaine", de la sauvegarde des autres langues et cultures, c'est un défi que l'on ne peut ignorer.

Comment y remédier
?
Surtout pas en faisant marche arrière, ou en plongeant la tête dans l'eau salée! Par une bonne information, la démystification, des démonstrations, la formation, l'équipement des écoles et lieux publics d'éducation, d'excellents exemples d'utilisation. Et surtout la formation des intervenants à tout le spectre d'utilisation de l'outil, et à la réflexion approfondie. Il ne faut pas se contenter du savoir des marchands de machines. Didacticiens, pédagogues, chercheurs, doivent se pencher sur toutes ces questions.

Qu'aimeriez-vous dire pour conclure ?
Que malgré certaines préoccupations qui ne sont pas insurmontables, une nécessaire phase d'apprivoisement, Internet est un moyen de redonner vie à l'enseignement en général, à celui des langues en particulier. Une utilisation intelligente peut procurer aux étudiants des capacités et les connaissances qui les prépareront à entrer dans le 21è siècle. Le gouvernement, les autorités régionales aux Antilles, ont bien compris l'importance de l'enjeu.

Ce qui est mieux connu fera moins peur...
Il est donc temps que l'on s'y mette.

Guadeloupe, Septembre-Octobre 1997


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